Le temps ne guérit pas toutes les blessures. Quatre ans après la sortie de Borat au cinéma, qui dépeignait avec second degré un Kazakhstan arriéré et raciste, certains kazakhs n’ont toujours pas digéré la blague. Le réalisateur Erkin Rakishev a ainsi décidé de réaliser une suite non-officielle, My brother, Borat, où il pourra montrer la réalité du Kazakhstan.
Le film commencera dans une unité psychiatrique du Kazakhstan. John, journaliste américain venu enquêter sur les origines de Borat, y trouve le frère de ce dernier, Bilo, interné aux côtés de patients qui se prennent pour Oussama Ben Laden et George W. Bush. Bilo s’échappe de l’hôpital pour servir de guide à John, qui va découvrir un pays moderne et développé.
Un afflux touristique, mais à quel prix ?
Le film Borat, réalisé par Larry Charles, n’est jamais sorti au Kazakhstan, censuré par les autorités. Sacha Baron Cohen, qui interprétait le rôle-titre, a été menacé de poursuites. Mais les résultats commerciaux sont là : en 2007, l’année qui a suivi la sortie du film, le nombre de touristes étrangers se rendant au Kazakhstan a explosé.
Cependant, cette argent généré grâce au film n’est pas, pour certains, à la hauteur de la honte infligée :
« Après le film original, tous les étrangers ont commencé à se moquer des Kazakhs. On nous a présentés comme des fous, des gens dangereux, des barbares. Ce n’était pas la réalité. »
Pour étayer son discours, Erkin Rakishev raconte comment les gens ont rigolé lors de la présentation de l’équipe kazakhe au moment d’un championnat international de water-polo.
Erkin Rakishev a sûrement raison : le Kazakhstan, ex-république soviétique d’Asie centrale, connaît une forte croissance économique, grâce aux revenus du pétrole. Rien de bien commun avec l’image du pays sous-développé présenté dans Borat.
Cependant, tous les Kazakhs ne partagent pas forcément l’avis de Rakishev. Roman Khikalov, l’acteur kazakh qui joue le rôle de John dans My brother, Borat, avoue à un journaliste de Radio Free Europe/Radio Liberté avoir beaucoup ri devant Borat.
« Je trouve cela incroyable qu’un homme soit capable de faire autant d’argent à partir de rien –une montagne d’argent (…). C’est un génie. (…) Et c’était vraiment drôle. »
De l’humour kazakh
Erkin Rakishev a expliqué qu’il voulait réaliser une comédie dans le même style, à l’humour aussi noir, quitte à tomber dans le mauvais goût. Dans un entretien qu’il a accordé au New-York Times, le réalisateur a dévoilé quelques-unes des grandes scènes comiques : Bilo qui se fait violer par un singe. Bilo qui se marie avec un âne. Bilo qui tombe enceinte. Le réalisateur a promis que John allait lui aussi tomber enceinte –mais attention suspense, il n’a pas voulu dire de qui.
Roman Khikalov, de son côté, a aussi fait son choix parmi les nombreuses scènes comiques :
« Un de mes passages préférés, c’est quand je me couche dans mon lit, que j’enlève ma serviette et que je me gratte les fesses. Je ne sais pas s’ils vont garder la scène, mais c’était tellement drôle que tout le monde riait, même les caméramans. »
Clifford J. Levy, le journaliste du New-York Times a rencontré Rakishev :
« Mr. Rakishev n’a pas exactement expliqué comment tout cela allait améliorer l’image de sa terre natale. Mais c’était évident qu’il se faisait plaisir avec ce scénario – si bien que tout en racontant certaines scènes, il éclata de rire jusqu’à en avoir les larmes aux yeux et l’interview dût ainsi être interrompue à plusieurs reprises. »
Il avoue ne pas avoir compris comment le film allait redorer l’image du Kazakhstan.