Dominique de Villepin et les conflits d'incompatibilités

Publié le 07 décembre 2010 par Exprimeo
S'il y avait encore un doute sur la quasi-inutilité de rédiger un discours de qualité dans la République des petites phrases qu'est devenue la vie politique française, la lecture des commentaires journalistiques sur le Conseil National de République Solidaire en serait une illustration caricaturale. Et ce alors même que le discours de Dominique de Villepin est probablement l'un des textes majeurs des derniers mois. La situation française peut aujourd'hui être résumée de la façon suivante : il y a un bateau qui ne sait plus vers quel port il se dirige. Ce bateau est en pleine tempête. Il n'a plus le moindre arsenal pour le réparer. Tous les jours, un trou supplémentaire est creusé dans la coque mais tout le monde ne parle que ... du costume du capitaine ou des ragots du bal de la veille. Dans ce contexte pour le moins singulier, il y a un passager qui prend la parole. Mais comme il ne parle ni du costume du capitaine ni des ragots du bal de la veille, il ne mériterait pas l'attention ... Dans cet esprit, la présidentielle 2012 promet ! Le discours de Dominique de Villepin du 4 décembre 2010 est un discours marqueur à quatre titres. 1) Il compte d'abord avec ce qui n'y est pas. Il n'y a pas une seule référence à Nicolas Sarkozy. C'est le constat qu'en attaquant le Président sortant, le candidat de l'autre politique devenait un politicien comme les autres ; ce qu'il ne doit pas être. 2) Il compte ensuite pour le contenu positif : tout est organisé autour des conflits d'incompatibilités. C'est le premier constat aussi implacable de la faillite d'un système au point même que le mot de "révolution" est dans le corps même du discours. Toutes les incompatibilités y compris au quotidien sont visées. Or, elles ont tout envahi à l'exemple des banques renflouées sur deniers publics qui rouvrent immédiatement le grand casino contre ... les "Etats renfloueurs". 3) Ce contenu montre que l'enjeu est de reconsidérer le fonctionnement global de la société. Sous cet angle, il prépare au constat que 2012 n'est pas une élection d'étape. Elle doit être celle d'un nouveau matin. Il n'est plus possible de continuer sur les actuelles routes. 4) Ce contenu prépare probablement le prochain rendez-vous. La logique voudrait que le prochain rendez-vous soit le discours d'officialisation de candidature. Parce qu'avec un tel constat que celui dressé le 4 décembre, comment peut-il y avoir une autre étape intermédiaire ? Il n'y a plus d'espace sauf pour ... la répétition. C'est étonnant et préoccupant que l'analyse d'un discours puisse occuper une place aussi infime alors même que ce mode de communication devrait rester le socle du sérieux de toute campagne a fortiori présidentielle.