Drôles de rêves d’enfants qui entraînent une enquête policière difficile, minutieuse et quelque peu ridicule puisqu’elle ne se situe pas du tout sur le même terrain que les faits étranges et terrifiants brusquement arrivés dans cette banlieue japonaise qui aurait dû être tranquille mais où se succèdent des dizaines et des dizaines de suicides, de meurtres et de scènes dignes d’une véritable guerre! Les enquêteurs eux-mêmes semblent céder à la vague de suicides qui conduit les habitants à se jeter des toits, subitement et sans raison! Ne s’agirait-il pas de forces surhumaines où semblent s’affronter enfants et vieillards? Conflits de générations? Influence de rêves et de désirs inavoués, pouvoirs surnaturels, simples jeux d’êtres apparemment démunis et insignifiants, fragiles, face aux adultes respectés et honorés, pleins de raisons et de sang-froid! Victoire des forces aveugles et incontrôlables contre la technique, la rigueur et l’ordre des adultes. Qui en sortira vainqueur?
Tout se passe dans une immense cité-dortoir d’une ville japonaise pareille à n’importe quelle cité occidentale avec d’énormes barres d’habitation uniformes, en béton et aux toits plats, encerclant des parkings et des jardins d’enfants, des commerces et des bancs où s’assoient quelques rares personnes âgées . Dès le départ, ces immeubles, sans âme mais d’une grande présence graphique, rythment le récit! Immédiatement le lecteur sent que ce lieu écrasant, étouffant, sera au cœur de l’intrigue et en effet, en feuilletant le volume, ce qui frappe c’est l’alternance de planches en noir et blanc, presque vides pour les intérieurs et les gros plans de visages à côté de pages souvent doubles , aux grands à-plats noirs ,partant dans tous les sens pour les barres d’immeubles vues de l’extérieur, d’en haut, d’en bas, de côté, de près, de loin, avec toujours de grosses lettres et des actes de violence en premier plan. Je dois dire que c’est le graphisme plus que l’histoire qui m’a intéressée.
En me documentant j’ai appris que ce manga particulier, aux images parfois très violentes, a été créé un an avant Akira, l’œuvre culte de ce dessinateur et qu’il possède déjà toutes les particularités propres à l’auteur : l’opposition de l’ enfance et de la vieillesse,les pouvoirs surhumains,les cadrages audacieux. Conclusion : il me faut maintenant lire Akira!
Dômu, rêves d’enfants de Katsuhiro Otomo ( Les humanoïdes associés, 1983/2006, 240p)Autres participants aux BD du mercredi de Mango:
Kikine, Mo'la fée, Jérôme, Yoshi73, Theoma, Valérie, Mathilde, Hathaway, Noukette, Irrégulière, Sara, Choco, Lystig, hilde, Hérisson 08, Lounima, Dolly, Emmyne, Estellecalim, Sandrounette, Manu.
Participation au Challenge Palsèches de Mo'lafée et à celui de Mr Zombi