Par un récent décret en conseil des ministres du 25 novembre 2010, le gouvernement a décidé de rattacher au ministère de l’intérieur la préparation et la mise en œuvre de la politique en matière de sécurité routière, auparavant gérée par le ministère de l’écologie et des transports. Même si ce dernier garde la main sur la sécurité des infrastructures routières, ce changement est loin d’être anecdotique et peut préfigurer des jours bien sombres pour tous les automobilistes. Il est de fait légitime de s’interroger sur ce changement : signifie-t-il que la politique ne sera plus que répressive et qu’il n’y aura plus de place pour la pédagogie et la formation ?
Les esprits les plus critiques pourraient voir en effet dans ce transfert de compétences la volonté, au plus haut sommet de l’Etat, de céder à la solution radicale du tout répressif prônée par de nombreuses associations pour qui sécurité et prévention riment nécessairement avec PV et sanction. Il est certain que ces dernières, qui tentent depuis de nombreuses années de nous imposer leur conception morale de la conduite automobile, ne peuvent que se réjouir de ce changement en ayant le sentiment d’avoir ici réussi leur coup en donnant un écho officiel à leurs revendications.
Le ministère de l’intérieur se félicite ainsi, par un communiqué de presse publié à la suite de ce changement de législation, du « grand ministère de la sécurité intérieure » dont le décret du 24 novembre trace les contours, réunissant ainsi pour la première fois, « les forces de sécurité intérieure, police et gendarmerie ; la prévention de la délinquance ; la lutte contre les trafics et de stupéfiants ; et, enfin, la sécurité routière ». Sécurité routière, trafic de drogues, délinquance, tout est dans le même panier ! On croit rêver devant tant de clichés ! Caricaturer l’automobiliste français comme étant un irresponsable au volant et un potentiel chauffard barbare, il faut que cela cesse !
Alors que la politique répressive actuelle montre ses limites et est de moins en moins comprise par ceux qui en sont les victimes (cliquez ici pour consulter la lettre envoyée par 40 millions d’automobilistes au Président de la République) , le gouvernement, par cette décision qui pourrait s’apparenter à un magnifique pied de nez, semble démontrer qu’il ignore totalement les attentes des citoyens et que l’acceptabilité sociale de la politique de sécurité routière ne l’intéresse absolument pas.
La majorité silencieuse des automobilistes a le devoir de se regrouper et de s’exprimer pour faire valoir ses droits ! Elle ne peut pas se contenter de courber l’échine et de subir car l’objectif de moins de 3000 morts sur les routes de France ne pourra pas être atteint par le seul axe répressif que semble privilégier le gouvernement.