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De l'art de coopérer

Publié le 08 décembre 2010 par Jujusete

Je voudrais revenir aujourd'hui sur ce rapport (oui oui, ça c'est juste pour vous rappeler qu'il faut le lire) et plus précisément sur la partie liée au commerce et à la place qu'il prend dans les stratégies de développement. Pour ma part représente vraiment le néo-colonialisme par excellence.


Chez les coopérants, cela crée de nouveaux emplois, c'est vrai, puisque même les ONG se mettent à embaucher des commerciaux. On est loin des gestionnaires de crises, des logs et des gars de la Croix Rouge qui bossent sur les latrines. Ces coopérants d'un nouveau genre sont plutôt bien sapés et sont là pour faire entrer des sous dans les caisses.

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Nos amis les banques

Le micro-crédit qu'on nous présentait il y a encore peu comme LA solution des ONG pour aider nos amis du sud, voilà ce qu'il est devenu aujourd'hui ! Les banques s'y mettent !... parce que oui, il y a du fric à faire et voilà tout à fait l'exemple d'une bonne idée détournée pour le plus grand plaisir des Bankster, comme on les appelle sous d'autres flux.

Mieux, les banques ne se cachent même plus ! Ici en Egypte, c'est une grande banque française qui lance son business ! Vous savez, les crédit à la conso où vous remboursez très cher votre emprunt... Ils vont magnifiquement aider de pauvres Egyptiens à acheter une maison, une voiture, réaliser le rêve de leur vie, peu importe. Oui, des philanthropes, on vous dit.

Sornettes.

Ici, les lois ne sont pas les mêmes qu'en France et nos amis banksters pourront enquêter pour savoir à qui ils prêtent, aller sur leur lieu de travail, à leur domicile, jeter un œil à leur fiche de paie... histoire de s'assurer que les gens pourront vraiment rembourser pour ne pas avoir de surprise.

Le souci, c'est qu'on vit dans une société du paraître, encore plus dans les pays du sud et que, d'ici quelques temps, les crédits vont être contractés pour autre chose que la maison ou la voiture et c'est là que le bas blesse. On va tomber dans un financement à crédit de la surconsommation inutile alors que les gens qui ont faim seront toujours dans la même situation.

Je referme la parenthèse.

pas d'appropriation

L'autre grand problème que point ce rapport est celui de l'intervention extérieure pas si maîtrisée que ça. Du moins, pas maîtrisée par les locaux, ce qu'ils appellent « appropriation nationale » et j'adhère tout à fait. Encore nue fois, ce n'est ni plus ni moins que du néocolonialisme.

Le coopérant, qu'il bossent en ONG ou ailleurs, qu'il ait de très belles valeurs et idéaux ou pas, crée parfois des outils pour aider les gens dans le besoin en local.

Soit.

Le problèmes est que ces outils tombent vite dans l'oubli ou alors ne sont pas utilisés correctement.

La faute à qui ?

La faute au manque de terrain. On ne peut pas imposer une technologie, un mode de vie, un savoir faire, des méthodes différentes à un peuple sans au préalable avoir fait un gros travail de terrain qu'il s'agisse de mieux évaluer les besoins ou de partager, d'échanger autour de l'utilisation de cet outil.

Parce que l'outil ne sera pas adapté.

Parce que l'outil ne sera pas utilisé par les locaux une fois le coopérant parti pour diverses raisons qu'il s'agisse d'un refus du système nord = savoir sud = apprentissage ou plus simplement du manque de formation des personnes sur place. On apporte l'outil mais on oublie la notice.

Dans ce cadre là, l'OIF a quand même une longueur d'avance avec la coopération sud-sud qui marche plutôt pas mal, avec le transfert de compétences plus que d'argent.

Enfin, il manque aussi un accompagnement dans les premiers temps. Même si les besoins sont bien évalués, même si les outils nécessaires ont été mis en place, cela prend du temps de changer les habitudes. Et le temps, c'est de l'argent.

On tombe toujours dans la même spirale.

On met le bébé dans les mains du local en lui assurant que cela va changer sa vie, c'est sûr, et on se barre laissant derrière nous tout le boulot à faire.

Alors les gens, et ils ont bien raison, reprennent le cours de leur vie.


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