4ème de couv' :
Prétextat Tach, prix Nobel de littérature, n'a plus que deux mois à vivre. Des journalistes du monde entier sollicitent des interviews de l'écrivain, que sa misanthropie tient reclus depuis des années. Quatre seulement vont le rencontrer, dont il se jouera selon une dialectique où la mauvaise foi et la logique se télescopent. La cinquième lui tiendra tête, il se prendra au jeu.
Si ce roman est presque entièrement dialogué, c'est qu'aucune forme ne s'apparente autant à la torture. Les échanges, de simples interviews, virent peu à peu à l'interrogatoire, à un duel sans merci. Dans ce premier roman d'une extraordinaire intensité, Amélie Nothomb manie la cruauté, le cynisme et l'ambiguïté avec un talent accompli.
Mon avis :
222 pages.
Je dois vous dire pour commencer que j'avais un a priori plutôt défavorable pour l'auteur avant d'entamer cette première lecture. Je ne sais ce que cela donnera pour les autres mais je me suis vraiment bien amusé en parcourant ces quelques pages.
Le personnage de Prétextat Tach est monstrueusement attachant.
Imaginez un peu : prenez le côté acariâtre de Tatie Danielle, le côté brillamment intelligent et perfide d'un Hannibal Lecter (en occultant le goût pour la chair humaine : ouf !) et une surcharge pondérale à faire passer Obélix pour une crevette ; saupoudrez avec une bonne dose de froid cynisme, secouez le tout énergiquement et vous obtenez... Prétextat Tach.
Le vieil homme, égocentrique, maniant aussi bien l'arrogance que la plume qui lui valut le prix Nobel de littérature, fait valser ses intervieweurs et les renvoie à leurs chères études, en moyenne, en moins de six pages. L'homme déteste les hommes, exècre les femmes au plus haut point et abhorre l'image que lui renvoie son miroir. (Lui-même se définit comme "un tas de saindoux").
Le quatrième journaliste s'avère être une femme, ce qui va considérablement le déstabiliser, surtout quand l'on sait que Nina n'est pas facile à impresssionner ni même à décontenancer. Celle-ci va avancer une théorie confrontant le célèbre écrivain à un passé particulièrement embarrassant. Sur le reculoir, mis en difficulté, l'homme, mourant, lui dévoilera le terrible secret qui l'a isolé du reste du monde pendant plus de soixante ans.
La fin du roman dénote un peu de l'humour subversif rencontré dans la première moitié du livre, c'est un peu perturbant mais il nous fallait tout de même glisser tranquillement vers le dénouement.
J'ai particulièrement apprécié que l'essentiel de l'intrigue soit basée sur des dialogues réunissant au maximum deux
personnes. Il n'y a donc pas de fioritures, l'auteur privilégiant l'action à la description.
En définitive, Hygiène de l'assassin est plutôt une bonne découverte. Je ne sais pas ce que vaut les autres romans signés Nothomb mais celui-ci ne m'a pas découragé, bien au contraire.
Comme souvent, je vous propose d'autres avis afin de vous faire une opinion plus précise encore : Iluze, Jayce, Lylou, Pauline, Yumiko et Archessia.
Ce roman a fait l'objet d'une libre adaptation cinématographique en 1999 signée François Ruggieri, avec Jean Yanne et Barbara Schulz dans les rôles principaux. Je ne l'ai pas vu mais j'imagine combien Jean Yanne avait dû s'épanouir dans ce rôle !!!
Ma note : 4 / 5.
Ce roman est le 36ème lu depuis le début de l'année.