Parfois en fouillant dans les archives on fait des retrouvailles avec nos émotions du passé. C'est ainsi que je suis tombée sur cette lettre d'amour qui exprime mon expérience fusionnelle avec le désert, lors de ma première rencontre. J'avais laissé au pays un homme qui m'aimait et qui avait peur de ne plus jamais me revoir...et au retour je lui livre mes émotions, je lui fais partager cette aventure. Il ne sait pas qu'en fait je viens de rencontrer le rival qui prendra mon coeur...et moi je ne fais que le pressentir...comment lutter avec la lumière du désert ?
Lettre à Sylvain
Tu vois, je suis revenue Sylvain, revenue, peut-être pas tout à fait, un bout de moi resté accroché entre deux étoiles, un soir de désert tunisien où le silence m'a initiée à ce que j'étais vraiment. Je reviens emplie de sève et de lumière, d'un pas tranquille de nomade et je pose mon sac en attendant de le remplir à nouveau pour cette aventure qui continue d'habiter en moi.
Tu m'écris Sylvain et que j'ai plaisir à te lire, à t'aimer, à travers ces lignes qui me parlent si bien de toi !
Je te vois, déambulant dans cette errance...déambulant pour déambuler dans l'éternel labyrinthe qui s'enroule et se déroule dans le silence. Toi aussi tu es un nomade, à ta manière, un nomade prisonnier d'un espace voulu restreint par quelle magique volonté ?
J'ai déambulé si longtemps ce même labyrinthe, peut-être pas du même pas que le tien, ample et tranquille....Non, j'ai gambadé comme le font les enfants, en sautillant d'un pied sur l'autre, puis j'ai couru quand la peur est venue, j'ai dérapé dans les virages, me suis heurtée aux murs, puis j'ai rampé dans les couloirs avant de m'élancer à nouveau pour que le Minotaure ne me trouve pas...Et, d'un seul coup, dans mon élan...j'ai défoncé une porte, tête la première, sans m'en apercevoir...Et là, derrière cette porte, il y avait l'inattendu, le Grand, la Grâce, l'Inommable étrangeté des Origines, un souffle amoureux qui soulevait mes cheveux et m'invitait à avancer, un murmure pénêtrant comme une caresse intime, une lumière d'une douceur infinie à faire jaillir des larmes en perles de nacre...tout cela et bien plus encore que ne pourrait nommer notre discours.
Une histoire d'amour avec moi-même, avec la Vie.
Je suis autre. Je n'arrête pas de repenser au conte de la Belle au Bois Dormant. Je crois que je m'agitais depuis un moment dans mon cercueil de verre et qu'il fallait un événement pour briser ce cristal ! Aujourd'hui, je me retourne et je regarde les débris de ce qui fut.
Devant moi, l'aurore se lève sur l'ocre et le miel de la Porte d'Orient.
6 juin 2007