On connaissait le Cantona footballeur, le Cantona philosophe (« Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est parce qu’elles pensent que des sardines seront jetées à la mer »), le Cantona engagé ( membre de la Fondation Abbé Pierre), le Cantona artiste ( photographe), le Cantona acteur (Le bonheur est dans le pré notamment) et voilà aujourd’hui le Cantona économiste révolutionnaire.
Dans un entretien accordé à Presse Océan le 8 octobre, il livre sa vision de la Révolution : « on va pas prendre les armes, on va pas tuer des gens (…). Le système tourne autour des banques. Il peut donc être détruit par les banques ». Dès lors, les réactions ainsi que les messages de soutien pleuvent. Ainsi est notamment créé un groupe Facebook « Révolution ! Le 7 décembre, on va tous retirer notre argent des banques. ». Plus de 25000 personnes se sont inscrites dans ce groupe. Aujourd’hui c’est donc le jour J. « Canto » va-t-il détruire le système bancaire?
Soyons clairs, cette initiative n’aura (quasiment) aucun impact sur les banques françaises. En effet le mouvement a été globalement peu suivi : dire sur Facebook qu’on va retirer son argent c’est facile, le faire c’est plus compliqué et risqué. Globalement, dans les agences bancaires aucun retrait inhabituel n’a été repéré. C’est la montagne qui accouche d’une souris. Le buzz crée par les déclarations du King n’a pas emporté une adhésion populaire.
Pourtant la peur régnait à la suite de cet entretien puisque deux membres du gouvernement, Christine Lagarde et François Baroin, se sont fendus de réactions méprisantes, dans le style « Cantona est fort en football, je suis fort en économie donc chacun à sa place ». Voilà des arguments pertinents Mme Lagarde et M Baroin. D’autant que l’idée de « Canto » est loin d’être absurde : en effet si tout le monde décidait de retirer son argent en même temps le système bancaire s’écroulerait, cela a même un nom: la banqueroute (comme en Argentine en 2001). Cependant on peut fustiger la vision à court terme de Cantona : la banqueroute et après?
Mais quel(s) enseignement(s) peut-on tirer de ce buzz/flop? Premièrement, l’engouement pour les déclarations de Cantona dépasse largement le cadre des révolutionnaires anti capitalistes. Cela traduit un climat de défiance profond vis à vis des banques responsables de tous les maux : la crise, la dette publique (le renflouement coûte cher) et qui dans le même temps empochent des bénéfices considérables. Deuxièmement, les réactions de Mme Lagarde et M Baroin soulignent la fragilité du système bancaire actuel. En effet, si les deux ministres ressentent le besoin d’éviter un (mini) bank run (panique bancaire), c’est que les banques françaises ne s’en remettraient pas.
Bref, une sortie médiatique remarquée de plus pour Eric Cantona qui touche cette fois à un nouveau domaine. Quand Cantona parle tout le monde l’écoute. Normal he’s not a man, he’s Eric Cantona