La côte d’ivoire connaît aujourd’hui une situation inédite. Laurent Gbagbo, d’une part, « président » controversé de la Côte d’ivoire depuis 2002 et Alassane Outtara d’autre part, ont tout deux prêtés serment pour diriger le pays.
Le premier, avec 38% des voix, a été désigné officiellement Président par un conseil constitutionnel dont il détient les rennes, puisqu’il a lui-même en désigné son dirigeant en août dernier. Ce qui n’a pas empêcher le leader de l’opposition, A. Ouattara, soutenu par la commission électorale indépendante (composée à environ à 50% de partisans de l’ancien président et de membres de l’opposition) de se faire désigner et ce légitimement nouveau président du pays. Le conflit paraît proche. Non pas un conflit ethnique comme certains stéréotypes pourraient nous le laisser penser mais une guerre civile avec d’une part l’armée très unie et soutenant Gbagbo et d’autre part un électorat encore scindé entre ses deux dirigeants auto-proclamés. Car, il faut le rappeler, chacun représente bien plus qu’une des nombreuses minorités du pays (Gbagbo est par exemple issu de la minorité Bété qui représente moins de 20% de la population du pays) mais une vraie ligne politique : Gbagbo représentant les jeunes urbains et une communauté du sud vivant des revenus du cacao, pétrole et gaz, et Ouattara symbole du changement et peut être même d’un renouveau de la démocratie. La Côte d’ivoire semble donc actuellement dans une impasse,
Les réactions de la communauté internationale ne se sont pas fait attendre. La France dans un premier temps, ayant un long passé commun avec le pays (colonie française pendant 70 ans) se souvient de la « chasse au français » qui avait eu lieu en 2004 après son intervention dans le conflit ivoirien et reste donc inquiète, inquiétude renforcée par les 2O morts depuis la fin du mois de Novembre et le prolongement du couvre feu par Gbagbo. De la même manière, des casques bleus dont l’intervention ne semblait pas indispensable ont été retirés du terrain.
Néanmoins, ce sont surtout des organisations régionales qui tentent aujourd’hui d’intervenir pour débloquer la situation et éviter le pire. L’union Africaine a rapidement envoyé Thabo Mbeki sans pour autant prendre partie. Les Etats Unis et l’union européenne pour qui le Président ne peut être que Alassane Outtara. Il faudrait ainsi« suivre les procédures qui prévoient des sanctions s’il n’y a pas une résolution rapide à cette situation de crise » (C. Ashton, représentante de la diplomatie européenne). Mais compte tenu du niveau de pauvreté et de la dette extérieure du pays, la Banque mondiale pourrait avoir le dernier mot, car elle ne pourra pas mener ses actions dans un contexte d’incertitude et de tension….
P.B.