Certains textes littéraires ont une force brute. Ils vont, en quelques lignes, à l’essentiel. Ils constituent des fables implacables sur ce que Cesare Pavese appelle « le métier de vivre ».
Ainsi Leiris dans l’Age d’homme, raconte comment, à 7 ans, il a découvert la perfidie des adultes lors d’une opération des végétations, pratiquée sans anesthésie par le médecin de la famille qui, en accord avec la mère de l’enfant, avait prétendu, avant de couper à vif, qu’ils allaient « jouer à la cuisine ». Leiris explique, à travers cette anecdote à valeur de véritable apologue, comment il a appris à se méfier, comment il a compris que le monde était « plein de chausse-trappes » et qu’il n’était sur terre que pour devenir chair à souffrance...
Ainsi également le conte de Maupassant, « Garçon, un bock ! », où l’on entend la voix d’un enfant, qui, le jour de ses 13 ans, petit bonhomme gai et fantasque, découvre la méchanceté à l’état brut à travers une violente scène de dispute entre ses parents qu’il croyait unis et tendres...