Nouveau classement à Saint-Emilion (1)

Grosse journée ce 8 décembre à Saint-Emilion où sera discutée la proposition élaborée pour un nouveau classement des crus de cette appellation prestigieuse.

On sait que l'ancien classement tient "provisoirement" jusqu'au millésime 2012. On sait qu'au Syndicat, une quasi-unanimité a voté pour l'établissement d'un nouveau classement et a envoyé sa requête au Ministère de l'Agriculture qui a chargé l'INAO de travailler sur un nouveau projet de classement.

Jusque là, tout va bien.

Les derniers soubresauts juridiques tout autant que la tendance actuelle à une certaine objectivité et transparence ont conforté les acteurs de ce nouveau classement à mettre en place des procédures indépendantes et difficilement attaquables juridiquement, sans que cela ne soit totalement exclu.

C'est aujourd'hui que sera normalement présentée la nouvelle procédure à deux étages où, grosso modo, il y aurait deux notes qui seraient mises par un comité adhoc : une note sur l'histoire, la réputation, l'envergure commerciale, etc… et une note de dégustation sur les derniers millésimes par un comité de 12 professionnels, selon une procédure à l'aveugle.

Le GJE tient à la disposition du comité son règlement interne en la matière et notemment la méthode statistique rigoureuse de Bernard Burtschy, largement confortées par 15 ans de dégustations collectives :-)

Ces deux notes feraient ensuite l'objet d'une moyenne qui servira en quelque sorte d'étalon pour accorder un rang idoine au cru.

Ensuite, un Comité externe à Bordeaux, dans lequel il y aurait des noms du vin incontournables d'autres régions, donnerait son propre point de vue en fonction des infos qu'il aura reçues et de sa propre opinion collective sur le classement proposé, avec probablement une dégustation spécifique, également à l'aveugle, je suppose, par ce Comité extérieur comme élément complémentaire. 

On voit qu'il s'agit là d'une procédure lourde, particulièrement coûteuse et parfaitement dans l'air du temps… ce qui ne veut pas dire qu'il s'agisse d'un air plus respirable. Juridiquement, on peut s'attendre à des contestations qu'on ne peut interdire par statut ou règlement et bien sûr, un des points délicats sera le niveau de secret qui sera exigé dans tout le processus.

Par ailleurs, il ne semble pas qu'on retrouverait dans la section "premier grand cru classé" les deux mentions actuelles "a" et "b". Comment se présenterait alors le classement de cette catégorie de grand prestige ? Par ordre alphabétique des noms ou selon la moyenne obtenue sur les deux notes prévues, additionnées de celle du Comité extérieur ?

Comme on le voit, il y a encore beaucoup de questions à résoudre tant il est vrai que si le marché des "grands vins" s'oriente nettement vers une politique de marque, la vaste majorité des producteurs a compris l'intérêt commercial et foncier de bénéficier d'un classement valable dix ans et remis en cause chaque décennie selon une procédure acceptée, claire, précise, et aussi neutre que possible. Il y a du teuf ! Courage, les garçons !

On va suivre tout cela de près.