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La fille du RER et autres héroïnes de tragédie moderne

Publié le 22 mars 2010 par Elsapotine

La frontière entre l’imaginaire et le mensonge se réduit. Les deux se confondent. Dans le miroir des illusions, le virtuel est roi.

L’imaginaire permet a priori de créer et d’approcher toutes les formes artistiques. Le mensonge entraîne dans un songe aux moyens d’artifice souvent dangereux. Je pense à La Fille du RER, le formidable film d’André Téchiné.


Formidable film, disais-je. Formidable scénario, formidable découpage.

Le cinéaste montre en première partie dans quelles circonstances une jeune fille est entraînée à vivre une histoire d’amour avec un type un peu marginal mais la romance tourne mal. Dans la seconde partie, il présente les conséquences de ce dérapage. La fille blessée, incomprise, invente une agression de caractère raciste dont elle se prétend la victime. Ce fait divers va ensuite atteindre des proportions – médiatiques – insoupçonnées. Un des protagonistes avoue lors du dénouement du drame qu’il en écrira plus tard certainement un livre : l’histoire d’un mensonge.

Jusqu’où faut-il aller pour se sentir exister ? Dans la vraie vie ou à la télé.

(Se rapporter à l’article : Le jeu de la mort à travers l’œil d’Elsapotine)

La Fille du RER, martyr d’une existence qu’elle n’a pas voulue. Proie (facile) d’un destin, d’un quotidien cruel. Héroïne de tragédies modernes en perte de repères telle le personnage de Brigitte Bardot dans La Vérité, le film de Clouzot. L’esprit embrouillé par les galères et le désespoir, elle ne sait pas qui elle est, elle s’est elle-même perdue de vue, elle ignore la force de cette nature humaine dont elle est pétrie.

L’être humain est-il juste une somme de modèles ? Ou plutôt la somme de ses expériences. Je préfère miser sur la seconde perspective. Même si cela promet un éclairage tardif… à l’heure du bilan, c'est-à-dire à l’aube de l’âge vermeil.

Aujourd’hui, chacun peut sélectionner différentes options. Tendances, les options ! On barre ou on ajoute la mention souhaitée. Puis on valide. Sans forcément visualiser.

L’important, quelles que soient les circonstances et les conséquences, est d’opter pour la sincérité. Sincérité : caractère de ce qui n’est pas truqué, qui est authentique. La qualité première des comédiens et des personnes qui font acte, tous conviés dans cette divine comédie que représente la vie.

Vérité ! Sincérité ! La Fille du RER semble sincère, sincère dans sa détresse. Même si elle se compromet dans un faux témoignage, celui-ci ne traduit que l’expression d’une souffrance. Une invitation à traverser le miroir des apparences et des illusions. Pour ne voir qu’une fille, parfaite illustration de la jeunesse actuelle, en quête d’un avenir meilleur.
Une comédie géniale :
http://www.obiwi.fr/ecrans/cine/85974-tout-ce-qui-brille-special-filles


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