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QFFC : Patricio Pron par Le Fric-Frac Club

Par Fric Frac Club
QFFC : Patricio Pron par Le Fric-Frac Club QFFC : Patricio Pron par Le Fric-Frac Club (photo : Luna Miguel) Patricio Pron a été identifié par la revue Granta comme un des 22 écrivains de langue espagnole de moins de 35 ans qui représentent le futur de la littérature hispanique. Au-delà des soupçons que peuvent faire naître pareille divination au fond d'une boule de cristal pas toujours bien nettoyée, il ne fait aucun doute que les livres de cet auteur argentin installé à Madrid méritent le détour. Parmi ceux-ci, signalons El comienzo de la primavera que nous avions longuement évoqué peu après sa publication espagnole. Son prochain roman — un texte assez surprenant sur un thème qui, a priori, ne saurait l'être : les disparus argentins — paraîtra en Espagne au printemps prochain et en France en 2012 — chez Flammarion. Patricio a accepté de délaisser quelques instants sa page Formspring pour répondre à notre questionnaire. Que ferez-vous lorsque plus personne ne lira de livres ? Plus que probablement, ce que je fais maintenant : écrire et lire et essayer de le faire de mieux en mieux ; la perte d'intérêt social pour certaines pratiques ne doit pas nécessairement signifier son abandon en termes individuels, et je ne pense pas que cela arriverait en ce qui me concerne. Le premier souvenir (ou émotion) littéraire ? Je ne sais pas quel est mon premier souvenir littéraire, mais je me souviens très concrètement de m'être retrouvé dans la bibliothèque de mon quartier dans la ville où je suis né, d'y avoir découvert une encyclopédie illustrée pour adolescents intitulée Je sais tout et d'avoir cru pendant un certain temps que je pouvais vraiment accéder à toute la connaissance humaine si je la lisais ; je suis arrivé à la moitié du second tome d'un total de douze et la déception de ne posséder « que » un dixième de toute la connaissance disponible m'a poursuivi pendant des années. En guise de compensation : la lecture du Tour du monde en quatre-vingt jours de Jules Vernes, et la découverte qu'il y avait un endroit là dehors qui était le pays auquel appartenait vraiment la littérature. Que lisez-vous en ce moment ? The Anthologist de Nicholson Baker, un Book of Limericks que j'ai acheté à Londres et le livre de Chantal Maillard Contre l'art. Quels sont les auteurs que vous avez honte de n'avoir jamais lu ? Probablement tous ceux que je n'ai pas encore lus, dont des auteurs tels que Léon Tolstoï, Maxime Gorki, Ivan Tourgueniev et à peu près deux cent soixante sept russes de plus. Suggérez-moi la lecture d'un livre dont je n'ai probablement jamais entendu parler. Naturellement, je vous recommande La comunidad organizada de Juan Domingo Perón ; si vous l'avez déjà lu, Conducción política du même auteur. Le livre que vous avez lu et que vous auriez aimé écrire ? La Spoon River Anthology de Edgar Lee Masters. Quel est le plus mauvais livre que vous ayez lu ? Probablement Jugo de mango de l'écrivain argentin Angélica Gorodischer ; mais je crois qu'il y a énormément de livres qui pourraient le remplacer à cette position peu honorable. Mon premier roman, Formas de morir, pourrait tout à fait prendre sa place, d'ailleurs. Quel est le livre qui vous semble avoir été le mieux adapté au cinéma ? Aucune, je n'ai pas l'impression qu'une adaptation cinématographique puisse être bénéfique à une œuvre littéraire ni même à ses spectateurs ; à ses producteurs et à ceux qui leur octroient des subsides peut-être, mais guère plus. Écrivez-vous à la machine, avec un ordinateur ou à la main ? J'écris à l'ordinateur ; à une époque, j'écrivais avec une machine à écrire portable mais sa propriétaire m'a quitté et j'ai dû me passer de l'une et de l'autre ; plus tard, j'ai pris l'habitude d'écrire à la main et de passer les textes à une machine à écrire électrique qu'une amie me prêtait, mais mon amie s'est fâchée avec moi quand j'ai publié mon premier livre et elle a arrêté de me la prêter ; maintenant j'ai un ordinateur mais cette fois-ci il m'appartient. Écrivez-vous dans le silence ou en musique ? J'écris dans tout le silence qu'une mansarde de la rue Conde Duque à Madrid peut vous offrir, c'est-à-dire très peu ; je ne me risquerais jamais à le qualifier de « total ». Qui est votre premier lecteur ? Parfois Giselle Etcheverry Walker, parfois les éditeurs des journaux et des revues pour lesquels je travaille et parfois mon éditrice, Mónica Carmona. Quelle est votre passion cachée ? Ma véritable vocation est celle d'organisateur de batailles entre romains, égyptiens et gaulois avec des klickys Playmobil ; ceci dit, j'imagine qu'elle vient de cesser d'être secrète… Qu'est-ce que vous n'avez jamais osé faire et que vous aimeriez faire ? Lire les éditoriaux de La Razón ; chercher dans les pages d'annonces érotiques celles d'adolescentes japonaises et leur demander si elles connaissent Fernando Sánchez Dragó ; lire un livre d'Espido Freire et dire partout que c'est de la grande littérature ; aller au programme de télévision de Juan Manuel de Prada et lui demander qui est son coiffeur ; mettre le feu à une église ; regarder la chaîne Intereconomía pendant plus de neuf secondes.

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