DANCING QUEENS ou la plongée dans le microcosme fictif de la compétition de danse

Réalisé tel un documentaire, Dancing Queens nous plonge dans le monde de la danse et pas n’importe quelle danse : celle des enfants et surtout celle de la compétition.

Australie. 350 000 jeunes danseurs. 4000 écoles de danse. Parmi celles-ci, celle de Mr Jonathon. Un professeur qui n’entre décidément pas dans le moule classique. Car pour lui, la danse n’est pas qu’un simple sport ou une distraction : c’est un acte engagé.

En effet, les pas qu’il apprend à ses jeunes danseuses sont pour lui un moyen d’éveiller les consciences et de délivrer un message. Ils trouvent ses sources d’inspiration dans les causes les plus diverses de notre monde : l’oppression, la chasse à la baleine ou encore la guerre… Et tant pis si monsieur passe pour un original…
Et puis, il y a aussi Melle Elisabeth, sa principale concurrente, qui elle est plutôt de la vieille époque. Avec un ton stricte et sévère – voire pète sec – elle sait remettre en place ses jeunes danseuses : « Mademoiselle vous avez grossi » ou encore « Mademoiselle, vous vous êtes relâchée ». Rigueur et discipline sont les maîtres mots dans son Académie. Tout ce joli monde se retrouvera lors de la plus importante compétition de danse d’Australie… Qui remportera le grand concours ?

Entre les séquences de rire et celles d’émotions, le réalisateur Darren Ashton nous offre une étonnante galerie de portraits qui ne tombent finalement jamais complètement dans la caricature. Il y a par exemple Barbara, l’assistante de Mr Jonathon qui croit qu’elle peut un peu trop facilement adopter des jeunes orphelins, du moment que ceux-ci ont le sens du rythme… Ou encore Justine, la mère de Tenille, qui est convaincue qu’elle aurait pu être une Spice Girls ( !). La mère de Grace, Paulette, tente vainement quant à elle d’être à l’heure. Et puis, il y a aussi Marianne dont les costumes pour la troupe sont fidèles à son image : absolument excentriques et sortis de nulle part. Les petites danseuses ont également toutes un sacré caractère… Cependant, ces personnages improbables, aux personnalités exacerbées, montrés et / ou ressentis comme caricaturaux le sont surement moins que tous les rires éclatant parfois aux quatre coins de la salle peuvent le laisser penser…

Une comédie un brin déjantée donc, tournée en caméra subjective, telle un documentaire. Chacun s’y confie : ses impressions, ses espoirs, ses craintes. Sans doute pour apporter un peu de réalisme et d’objectivité au récit. Et parfois, ça marche : on se surprend soi-même à se demander si Mr Jonathon n’existe pas vraiment. On se surprend même à ressentir les tensions et les rivalités entre les fillettes, éveillées au fur et à mesure que la compétition approche.
Sensation étrange quand on réalise que tous ces personnages n’ont plus la notion du monde et des autres, quand on prend conscience qu’ils ne vivent plus dans la même réalité que nous. Car dans leur univers clos, tout est démesuré.

Les « caricatures » se succèdent donc, sans réel temps mort. Tant de tragédies dérisoires s’y jouent : entre coups bas et caprices, entre rivalités et crises d’hystéries des mamans… On s’attend à tout et pourtant, toutes ces saynètes s’avèrent plutôt réjouissantes.
Malgré tout, on se demande un peu aussi où se trouve l’intérêt du film, si ce n’est celui de dénoncer l’esprit de compétition et tout ce qu’il engendre… On reste cependant admiratif devant le personnage qu’est Mr Jonathon, devant ses intimes convictions : « En 2107, il n’y aura plus de guerres, plus de maladies, plus de pollution et ce sera un acquis pour tous les enfants du monde ». Difficile d’y croire… Ce film est ainsi construit : entre contraste et caricature, entre instants graves et légèretés futiles…
Conseil de dernière minute : restez jusqu’à la fin du générique…

Sortie : le 9 janvier 2008.
Réalisé par : Darren Ashton.
Avec : Kerry Armstrong, Ben Miller, Nadine Garner…

Note Shotactu : 7/10

La bande annonce :

Charlène Marchand