Comme vous, je suis scandalisé par l’ampleur des bonis octroyés aux banquiers et aux courtiers de Wall Street et de la City. Mais n’allez pas croire que le principe des bonis et primes n’existe pas ailleurs. Au contraire ! Vous en êtes peut-être une victime directe.
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Si vos épargnes retraite ou comptes de placement sont administrés par un conseiller À L’EMPLOI d’une banque, caisse, firme de courtage ou d’une compagnie d’assurance, c’est sûrement le cas. C’est le terme « à l’emploi » qui prend toute son importance. Au pays, le quart des professionnels de la finance environ sont des conseillers indépendants qui n’ont pas à proprement parler d’objectif de production ou de quotas liés à la vente de produits spécifiques ou conçus par l’enseigne sous laquelle ils pratiquent !Autrement dit, 75 % des conseillers doivent réaliser des ventes (et des transactions entre les actions, fonds et autres) pour garder leur emploi. Pourquoi ? Parce que les actionnaires réclament de la société (qu’elle soit cotée ou non) des dividendes et une croissance soutenue. Afin d’y parvenir, les administrateurs nomment des gestionnaires auxquels ils donnent des cibles trimestrielles et annuelles. Ceux-ci les réduisent en plus petits objectifs que devront atteindre les vice-présidents régionaux et les directeurs de succursales. Enfin, ces derniers transmettent aux conseillers des quotas d’entrées de fonds minimales annuelles, c’est-à-dire de transactions génératrices de commissions.
Ainsi, il est d’usage qu’un conseiller de plein exercice en valeurs mobilières engendre pour son employeur des revenus de commissions de plus de 350 000 dollars annuellement. S’il n’y parvient pas, il verra son taux de rémunération diminuer (entre 20 et 40 % de la commission brute) et à la limite, perdra son emploi. Ne trouvez-vous pas que ça ressemble un peu à un magasin de chaussures ? Le parallèle avec les souliers ne s’arrête pas là ! Une fois votre REER ouvert, on va vous offrir « La bombonne de protecteur » à bottines :
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L’industrie du courtage nage en plein paradoxe ! D’une part, on exige des employés qu’ils défendent les intérêts des clients, et de l’autre… ils doivent multiplier les transactions pour conserver leur gagne-pain. Il y a des claques qui se perdent. Et elles ne sont pas en caoutchouc !
Le CHOIX du client… ou du Président ?
Votre planificateur ou conseiller est-il réellement guidé par l’atteinte de vos objectifs, ou par la réalisation de SES chiffres de vente pour le mois ? Voici les points majeurs à surveiller afin que votre professionnel financier ne se place pas directement, ou en apparence, en situation de conflits d’intérêts.
- Demandez à voir par écrit tous les détails de sa rémunération et de sa bonification. Travaille-t-il à salaire, sur honoraires ou à commission ?
- La vente ou la structure de frais de certains produits sont-elles plus ou moins avantageuses pour lui ?
- A-t-il le droit de choisir parmi les produits de TOUTES les institutions financières ou est-il limité à ne choisir que ses produits maison (comme le Choix du Président… de la banque) ?
Si vous choisissez de faire affaire avec l’employé d’une institution financière, alors répartissez vos avoirs dans au moins trois firmes. Si vous retenez les services d’un professionnel indépendant, il fera la répartition par firme avec vous, et son cabinet verra à la surveillance de ces entités externes.
Oh, un détail ! Ne signez des chèques qu’à l’intention de comptes en fiducie ou au nom des institutions que vous connaissez bien !
*Ce billet a d’abord été publié en octobre 2010 dans le magazine A+