La guerre du Viêt Nam, le bain de sang du 20ème siècle. Nombreux sont les réalisateurs à s’être emparés du sujet, pour accuser l’intervention américaine ou appuyer les traumatismes. Retour sur 5 films plus ou moins consacrés à l’évènement.
* Apocalyspe Now de Francis Ford Coppola (U.S.A, 2h33/3h22 (version Redux), 1979)
LA référence. On suit le parcours du capitaine Willard, chargé de retrouver et d’exécuter le colonel Kurtz, caché dans les profondeurs de la jungle et à la tête d’un groupe d’indigènes. Coppola dresse un récit anti-américain, violent et retraçant l’incapacité du pays à investir le territoire exotique. Plus que le portrait d’une guerre absurde, c’est aussi une véritable réflexion sur la folie de l’homme. Mené par Martin Sheen, enivrant, le film impressionne par son réalisme et sa mise en scène explosive. « Apocalypse NowApocalypse Now La chevauchée des Walkyries de Richard Wagner via des enceintes établies dans les véhicules. Perchés dans les airs, les soldats mitraillent les vietcongs. La BO se complète via quelques musiques rock, entre l’intro sous le son des Doors ou les Rollings Stones à l’honneur de la radio écoutée par les soldats traversant le fleuve. Ce film pessimiste a marqué le spectateurs, horrifiés par ce spectacle agressif mais subtil. « Ce n’est pas un film sur le Viêt Nam, c’est le Viêt Nam. Et la façon dont nous avons réalisé ressemble à ce qu’étaient les Américains au Viêt Nam. Nous étions dans la jungle, nous étions trop nombreux, nous avions trop d’argent, trop de matériel et petit à petit, nous sommes devenus fous » avouait Coppola, et la crédibilité de son œuvre en témoigne. Le patriotisme américain est affiché comme une abjection, tel un argument du carnage. Les hélicoptères figurent de monstres, en particulier lorsqu’ils terrifient les asiatiques en projetant
* Full Metal Jacket de Stanley Kubrick (U.S.A, 1h56, 1987)
Ici, la guerre est abordée avec humour mais le film ne faillit jamais dans sa visée dénonciatrice. La première heure se passe dans un camp de formation de marines, où le brillant Stanley Kubrick ridiculise l’armée et ses principes. C’est lorsque les individus sont envoyés au Viêt Nam que le récit prends une forme plus sérieuse sans pour autant négliger l’humour, toujours présente. Le réalisateur évoque la prostitution liée à la guerre, les faiblesses stratégiques de l’armée américaine et la barbarie humaine. Les affrontements militaires ne se passent pas dans la jungle, mais en milieu urbain. La scène la plus connue, où l’équipe de bidasses se fait descendre un par un, a influencé les films du genre. L’intérêt pour la perfection, si cher à Stanley Kubrick, se décèle dans la mise en scène. On remarquera également le calibre des musiques, amarrées avec justesse. De Paint it Black (The Rolling Stones) à Wooly Bully (Sam the Sham & The Pharaohs), le public ne peux qu’être conquis par ce choix singulier. Qui aurait cru quelqu’un capable de faire passer l’une des plus grands catastrophes humaines avec humour ? Kubrick excelle pourtant dans ce registre, entre sarcasme et ironie.
* Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino (U.S.A, 3h00, 1979)
Chef d’œuvre incompris, Voyage au bout de l’enfer n’as pas volé ses 5 Oscars. Certains y ont vu un film fasciste, une offense au peuple Vietnamien, mais il n’en est rien. Centré sur le choc psychologique, le film dévoile la vie d’une bande de copains ouvriers, chassant le cerf le week-end. Ils seront 3 à être envoyés au Viêt Nam. 2 en reviendront ébranlés, l’autre ne quittera pas le pays, où il passera son temps à jouer aux roulettes russes. C’est un film lent, de 3 heures, s’attardant sur l’intrigue avant de faire décoller son histoire. Le réalisateur prends soin de poser les bases, en détaillant un maximum ses scènes pour saisir le public. Si le récit s’apprécie autant, c’est en partie grâce à ses acteurs. Robert De Niro tient ici l’une de ses plus belles performances. Son personnage, Michael, n’arrive pas à retrouver son ancienne vie, où il prenait son pied à jouer au billard avec ses amis. En approchant la classe ouvrière, Cimino avance une image déplorable des États-Unis. Il dévoile le patriotisme américain, notamment lorsque ses personnages chantent God Bless America. Loin de donner une belle image de l’Amérique, il expose les limites du système. Là aussi le film soulève des questionnements psychologiques, sur la rationalité de l’individu et ses comportements. Les roulettes russes confirment les réflexions morales, les relation avec la mort entretenues par les personnages.
* Taxi Driver de Martin Scorcese (U.S.A, 1h53, 1976)
Le film de Scorcese n’est pas dédié à la guerre du Viêt Nam, mais il est l’un des premiers à en aborder les conséquences. Le héros, un certain Travis, n’est autre qu’un ancien marine de 26 ans. Suite aux évènements vécus, il ne parvient pas à retrouver le sommeil et décide de se faire employer comme chauffeur de taxi la nuit. Autre refuge de ce personnage abattu : Les cinémas pornographiques. Taxi Driver est la peinture d’une Amérique au plus bas, moralement détruite. En filmant des rues où la prostitution est la principale ressource économique de la ville, le cinéaste chemine un système capitaliste inégal et infâme. Un récit alarmiste grouillant de sous-entendus.
* Forrest Gump de Robert Zemeckis (U.S.A, 2h16, 1994)
Tom Hanks joue un être mentalement attardé, retraçant à lui seul plusieurs décennies des États-Unis. Il a participé à la guerre du Viêt Nam, vilipendée par le réalisateur. Ce dernier s’en prends à l’armée et à la nation, vivement critiqués via le point de vue d’un être anormal. Il se moque foncièrement de la guerre. La masse d’hélicoptères rappelle l’abondance du matériel américain, inefficace en terre Vietnamienne. Le film de Zemeckis n’accorde qu’une légère partie au Viêt Nam, mais le traitement est si véridique qu’il ne peux qu’être salué.