Philippe Dorin joue avec les mots, Sylviane Fortuny avec l’espace. Et le spectacle joue avec les contes, les mots qui sortent du livre sont à peine compréhensibles, mais on a l’impression de les avoir déjà entendus. C’est que les contes sont souvent dans ces langues presque mortes des temps anciens, mais qu’ils viennent chatouiller dans notre tête et notre cœur des territoires presque inconnus, presque oubliés, qu’un mot réveille.
Il n’était donc jamais une fois, avec Philippe Dorin, mais plusieurs fois. Un chevalier sans chevalière, une jeune fille à sa fenêtre sans habits et qui en cherche. Il était plusieurs fois un frère sans sœur et une sœur sans frère, une tombe, une épée, perdue quand on en aura besoin. Un père quitté par sa fille bien qu’elle soit nue et que l’épée du garçon soit perdue. Une fille vêtue de toutes les robes cousues ensemble et qui attend au bout d’une phrase interminable, comme l’est l’attente, un baiser.
Il sera donc plusieurs fois l’amour, le seul meuble sur lequel s’appuyer pour vivre debout, l’amour, un vêtement qu’on ne peut donner à quelqu’un d’autre, sur lequel poser la tête pour en rêver, l’amour, pour ouvrir les fenêtres qu’il est interdit d’ouvrir.
Il y aura aussi des couleurs, le vert du chevalier, le blanc et rouge des robes, le noir brillant du sol, et des lumières, et un livre, une chaise à qui parler, un baiser à la fin.
J’ai vu ce spectacle, interprété par Yvan Corbineau et Camille Voitellier, à La Piscine, Théâtre à Châtenay-Malabry (92)