Pour la deuxième soirée de rencontres poétiques au siège de TIASCI et des Editions Paalam, nous avons évoqué Fernando Pessoa. Nous avions prévu de parler de poésie et d’exil. Alors, pourquoi Pessoa ? Lui qui a vécu presque toute sa vie à Lisbonne, où il est mort en 1935, âgé de 47 ans.
Et quand le navire se détache du quai
Et que l’on remarque d’un coup que s’est ouvert un espace
Entre le quai et le navire,
Il me vient, je ne sais pourquoi, une angoisse toute neuve,
Une brume de sentiments de tristesse
Qui brille au soleil de mes angoisses couvertes de gazon
Comme la première fenêtre où l’aurore vient battre,
Et qui m’entoure comme un souvenir d’une autre personne
Qui serait mystérieusement à moi.
Ah, qui sait, qui sait,
Si je ne suis pas déjà parti jadis, bien avant moi,
D’un quai ; si je n’ai pas déjà quitté, navire sous le soleil
Oblique de l’aurore,
Une autre sorte de port ?
(Ode maritime)