C’est curieux de toujours vouloir taxer tout et
tout le monde indépendamment des revenus et de la fortune. Jean Jaurès dénonçait les taxes et avec les socialistes, les vrais, ils défendaient bec et ongle l’impôt progressif. « Les taxes, disait
le grand dirigeant, frappent les plus humbles, elles sont injustes et permettent de contourner l’impôt progressif». Cela permet de rendre l’impôt plus proportionnel. Martine Aubry a
affirmé vouloir instaurer une taxe sur la propriété bâtie afin de financer le logement social. Résultat, les salariés propriétaires de leur logement devront payer cette taxe, indépendamment
de leurs revenus et au même titre que les plus richissimes.
Les salariés ont tendance à quitter les villes
pour aller en banlieue et dans les zones périurbaines . Les impôts locaux deviennent de plus en plus lourds jusqu'à parfois représenter le prix d’un loyer et après avoir consenti d’énormes
sacrifices pendant 20, 25 ou 30 années de remboursement d’emprunts. Les salariés sont jetés des centres ville et repoussés toujours plus loin. Quitter son logement parce qu’on ne peut en payer
les impôts et supporter en plus de nouvelles taxes, c’est le produit d’une politique discriminatoire et de classe. Pourquoi ne pas taxer lourdement la spéculation organisée sur l’immobilier et
s’attaquer aux profits , Martine Aubry préfère taxer le bien social, celui de la majorité des propriétaires de leur propre logement et qui n’en tirent aucun profit. C’est un nouveau cadeau qui
exonère la fortune et les grandes sociétés immobilières, compensé par la propriété fruit du travail et du salaire. Or ce qui pèse sur le logement locatif et le parc de logements sociaux, c’est la
spéculation, celle ci est exonérée de tout effort. Les moins pauvres paieront pour les plus pauvres et les riches continueront de s’enrichir et pourront poursuivre les opérations spéculatives
d’envergure sans obligations. C’est la charité sociale que propose la première secrétaire du PS et non pas la justice sociale.
Le livret A permettait le financement des logements sociaux,
l’épargne des petits pour financer le logement des petits et le 1% patronal. Ces finances sont détournées de leur affectation initiale de différentes manières et le livret A perd de son intérêt
et les petits épargnants ont toujours plus de mal à épargner. La solution est trouvée, l’effort sera exigé aux salariés propriétaires de leurs logements. C’est plus de proportionnel et moins de
progressif, vieille revendication de la grande bourgeoisie. Le système était injuste et il deviendra encore plus injuste à la grande satisfaction de la spéculation foncière qui elle peut
répercuter ses « charges » sur le prix des loyers. Le petit propriétaire de son bien « social » et le locataire des grands ensembles privés seront tous deux pénalisés, l’un par la nouvelle taxe
et l’autre au travers des « charges » alourdies par cette même taxe transférée. Nous aurions préféré la limitation du prix des loyers et la taxation des bénéfices , c’est à dire des profits.
Imaginez un jeune couple de salariés qui accède à son logement, sans aucune assurance pour son avenir, il va s’endetter pour plusieurs décennies, s’acquitter de l’impôt foncier et de la taxe
locative et il devra en plus payer une nouvelle taxe sur un bien qui est le fruit de 2O à 30 ans d’effort et pour lequel ils ne perçoivent rien. Celui qui perçoit par la location peut
certainement payer mais ne doit on pas faire la différence entre celui qui en fait affaire , commerce et marchandise, entre le bien social et son caractère capitaliste. Nous sommes toujours au
travers du logement , dans le rapport Capital Travail. Cette taxe c’est encore au profit du capital, puisque elle se transfère naturellement sur le prix du loyer. En fin de compte elle sera payée
directement par le propriétaire individuel et « social » et indirectement par le locataire des groupes immobiliers.