Ça devrait être un gros pavé dans la mare, sous réserve que notre Premier Ministre aille au-delà de l’indignation de pure forme ornée de belles déclarations d’intention. Sans moyen, on ne peut rien, et les choses resteront en l’état. Il s’agit ici de l’occupation, sur la durée, de logements sociaux par des familles aisées. La presse en ligne parle bien sûr des 53 000 ménages faisant partie des 10% les plus riches de France, qui se logent ainsi pour un prix scandaleusement modeste eu égard à leurs revenus, pour la plupart en Ile-de-France. Mais cette occupation de HLM par des foyers dont les revenus sont au-dessus du plafond concerne apparemment 10% du parc de logements sociaux. Pendant ce temps-là, 1,2 million de ménages modestes voire pauvres sont encore sur liste d’attente.
Là où François Fillon devrait prendre le problème à bras le corps et donner les moyens aux organismes concernés d’expulser les familles aisées vers des logements dont les loyers sont au prix du marché, il se contente de demander à ce que les attributions de logements se fassent de manière plus scrupuleuse. Or ce n’est pas là qu’est la cause de cette situation : le problème n’est pas dans l’attribution, qui, à quelques entourloupes et pots-de-vin près, se fait de manière honnête, mais dans le maintien dans ces logements de familles qui les ont obtenus alors que leurs revenus étaient alors effectivement compatibles avec l’attribution d’un logement HLM.
Il y a ainsi deux parcs de logements sociaux, et je ne fais qu’enfoncer une porte ouverte en disant cela : des HLM en barre, occupés par une population qui n’a en aucun cas les moyens d’habiter ailleurs, et des HLM plus « classes », occupés par une population plus mélangée (ce qui devrait être le cas partout), mais où tout le monde paie un loyer modeste, trop modeste pour les familles aisées qui, même si dans de nombreux cas elles paient une sorte de « sur-loyer », ont finalement un toit bien agréable tandis que des hommes et des femmes sont logés dans des appartements trop petits, insalubres, voire des caravanes, des abris de fortune, ou n’ont pas d’abri du tout.
—> Illustration : un immeuble de la Cité Pinçon, dans le quartier de La Bastide à Bordeaux, construite dans l’immédiat après-guerre pour loger 3000 personnes aux revenus modestes.
—> Sources : Sud-Ouest, Le Parisien, La Tribune, Le Télégramme, Libération.