Hasard d'une sortie DVD... Tandis qu'on (re)découvre, pour écrire dessus, de vieux courts métrages de David Lynch (dont les mythiques The Alphabet et The Grandmother) ainsi qu'une série d'animation en Flash (Dumbland), on tombe sur des bizarreries réalisées en toute indépendance en 2002 et en 2007, pour le site Internet du cinéaste, et sur un film de commande tourné pour le soixantième anniversaire du festival de Cannes en 2007. Boat, surtout - avec son postulat poétique donnant son titre à ce billet - est une bien belle surprise, une expérience sensorielle et cinématographique très excitante malgré le dénuement patent de sa production et sa forme un peu ingrate.
Alors que l'on parlait beaucoup la semaine dernière d'un Lynch se mettant à l'électro-pop (l'aberrant Good Day Today sauvé par une face B plus conforme à l'image que l'on se fait du cinéaste), que sa collaboration avec feu Mark Linkous et Danger Mouse a donné naissance en 2009 à un album superbe (Dark Night of the Soul), qu'on peut le voir jammer avec Moby sur Internet (sic), lui réaliser un clip, exposer ses œuvres, ou encore recycler son imagerie pour Dior dans le long spot de quinze minutes intitulé Lady Shangai, ces images font du bien. Elles datent un peu, certes, mais l'approche "homemade" de la vidéo dans Darkened Room et Boat annonce clairement Inland Empire (le chef-d'œuvre incompris) et la liberté que s'est offert David Lynch en se mettant à la vidéo et en tournant pour Internet. On aime ainsi retrouver dans ces trois courts métrages la trace d'un cinéaste dont on peut aujourd'hui se demander s'il refera de sitôt un long métrage...