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Entreprendre, c'est faire du slalom en ski nautique !

Publié le 05 décembre 2010 par Marcschillaci

Ceux qui suivent ce blog le savent déjà, la semaine prochaine, mardi 8 et mercredi 9 décembre, Oxatis sera présent à LeWeb, stand D15.

Le programme est impressionnant, j'en ai parlé cette semaine (souvenez-vous !).

Dans le cadre de LeWeb sera organisé un Ignite avec 10 intervenants sur des sujets très variés le 8 décembre à 14h30.
J'ai postulé pour participer à cet Ignite un peu spécial, mais hélas je n'ai pas été retenu.

Ignite LeWEb

Je voulais aborder le parallèle entre deux de mes passions, le slalom à ski-nautique et l'entreprenariat, comment l'un aide à mieux maîtriser les risques de l'autre et vice-versa, mais apparemment j'ai raté la première bouée :-)

Le parallèle se poursuivant jusqu'ici, cela ne m'empêchera pas de réésayer, au contraire.

En attendant voici, rien que pour vous, un résumé du sujet après le saut de page.

Note : Les deux superbes athlètes que vous découvrirez dans les illustrations sont mon fils et moi-même. Merci de votre indulgence !

Entreprendre à partir du ski nautique et vice-versa
Peu de mes connaissances professionnelles ou en ligne le savent, mais c’est une évidence pour tous mes amis de la vie réelle, une part importante de ma vie, c’est le ski nautique.
Bien entendu je ne parle pas du truc des clubs de vacances où l’on sort 2 planches pourries, une corde et un hors bord pour rejouer « Les Bronzés » !
Je parle du vrai ski de slalom. Celui où en 16 secondes on déboule derrière un bateau propulsé par plus de 300 chevaux. Un parcours constitué d’un chenal dans lequel glisse le bateau, d’une porte d’entrée par laquelle on va s’insérer, de 6 bouées et d’une porte de sortie.
 
16 secondes, 6 bouées, 6 coupes.
Le bateau est lancé à 58Km/h, le skieur coupe le sillage à plus de 100km/h et 6 fois en 16 secondes, il va passer de 0 à 100km/h puis à 0.
Les bouées sont à 11,25 mètres du centre du chenal, la corde la plus longue est à 18 mètres, et chaque fois qu’on réussit à contourner les 6 bouées, on diminue la longueur de la corde (à condition d’être arrivé à 58Km/h après avoir franchi 43, 46, 49, 52 et 55. C’est déjà très difficile à 49…)
Record du monde 2 bouées à 9,75m… Oui, c’est plus court que la distance du bateau aux bouées !
 
Je n’en suis bien sûr pas là, mais je suis descendu jusqu’à 13m et croyez moi c’est le Graal de la glisse.
 
Les sensations sont délirantes, les accélérations incroyables.
A l’impression d’apesanteur qui correspond exactement au changement de carre du ski, juste avant le virage, va succéder une accélération supérieure à 2G qui commence juste après le virage, quand la traction du bateau vous propulse du côté opposé.
Le risque. La peur. Ils sont bien là, présents. Seuls ceux qui n’ont jamais frappé l’eau à 100Km/h peuvent penser que l’on peut skier sans avoir cette peur au fond des tripes.
Alors quel rapport avec l’entrepreneuriat ? C’est exactement la même chose !
 
Ski nautique 1
La plupart du temps le plus dur est juste de se lancer

Pour commencer sur 2 skis, quel que soit l’âge (j'ai sorti de l'eau des personnes de 5 ans à 76 ans), il faut juste la foi !
Oui, on peut glisser sur l’eau. Oui, on peut se lancer dans l’entreprise à 18 ans comme à 70 ans.

Il suffit de croire à son idée et pas plus qu’il ne faut avoir de gros muscles ou savoir nager - j’ai sorti de l'eau une personne qui ne savait pas nager - on peut entreprendre sans qualification et sans argent. Pour peu qu’on ait foi en ses idées, la volonté d’écouter et le courage de travailler sans relâche.
 
Fléchissez et restez tonique !
Comme dans tous les sports de glisse, LA première chose à faire c’est d’amortir les irrégularités et les chocs tout en restant à la fois tonique et flexible pour conserver la décision sur le cours des évènements.
C'est la même chose en entreprise. On a ses idées, son cap, ses convictions, et il va falloir sans cesse amortir, adapter son chemin pour arriver à ses fins, tout en restant souple et malléable.
 
Il est temps de lâcher un ski
La transition entre le biski et le monoski est un monde.

La plupart des gens pensent qu’il n’y a pas beaucoup plus de différence qu’entre marcher normalement et marcher, par exemple, en mettant les pieds l’un juste devant l’autre.
Une fois qu’ils ont glissé sur un seul ski, ils se rendent compte que rien n’est plus comme avant.

D’un côté, les possibilités de profiter de la traction du bateau sont incomparables mais d’un autre côté,  que c’est instable ! Exactement comme lorsque vous embauchez votre premier collaborateur.

D’abord vous ne voyez pas bien pourquoi ce serait différent de faire les choses avec des collaborateurs plutôt que de les faire seul.
Ensuite, vous comprenez que diriger des gens, c’est à la fois très compliqué, très simple, très risqué, bref très instable.
Enfin vous réalisez la puissance que représente le fait d’être plusieurs à faire les choses et à profiter de la traction de votre idée !


Ne regardez jamais la bouée, anticipez sans cesse !
Allez, supposons que ça y est. Vous êtes sorti de l’eau, vous avez lâché un ski, vous vous baladez d’un côté à l’autre du sillage (depuis quelques années ...) et vous voyez « la piste » comme disent les pros.

Le but est donc de contourner chacune des 6 bouées. Vous vous lancez. Vous « montez » à la porte, coupez les deux bouées de l’entrée du chenal, et gardez les yeux bien rivés sur la première bouée.

Soudain, 5 mètres avant de l'atteindre vous comprenez que vous l’avez déjà manquée. Avant même d’être arrivé dessus ! Vous aviez juste oublié que le bateau avançait lui aussi.
Il en va de même dans le business. Bien sûr, pour passer la bouée #2 il faut avoir passé la #1.
Bien sûr, on se concentre chaque jour sur l’objectif à court terme. On essaye de faire abstraction de tous les problèmes qui sont à côté ou plus loin. Ceux qui arriveront à la bouée #5 ou #6.

Et pourtant il faut absolument anticiper. C’est difficile, dé-focalisant, mais indispensable.


Pour accélérer, travaillez la coupe !
Ok, vous avez compris. Pour pouvoir contourner ces satanées bouées, vous devez prendre de l’avance et anticiper.

Devinez quoi ? L’avance se prend dans la coupe. La coupe c’est la partie de la trajectoire qui suit le virage et va vous faire progressivement accélérer jusqu’à couper les 2 vagues du sillage (qui n’ont qu’un but, vous déstabiliser et vous satelliser).

C’est grâce à la coupe que vous allez être « large » sur les bouées. La coupe, cela correspond dans l’entreprise à ces phases de concentration, de focus. Les vagues sont là, vous le savez, elles vont arriver. Mais vous vous en moquez. Vous restez FOCUS.

Une fois la coupe amorcée, votre corps doit avoir une position parfaite, vos abdominaux et dorsaux doivent être bloqués, sinon ce sera « la correctionnelle » : vous prendrez l’eau en pleine face.

Dans cette phase, vous ne pouvez plus rien faire. Le départ conditionne tout.

Comme lorsque vous briefez et gonflez à blocs vos équipes. Une fois lancées, plus les équipes sont fortes et nombreuses moins il est possible de les bouger. Plus la corde est courte et le skieur doué ... plus on ira vite ... mais moins ça pardonnera.
 

Ski nautique 2
Changez de carre tout en douceur !
C’est bon, vous voilà transformé en bolide. L’accélération s’est bien passée, les 2 vagues du sillage sont derrière vous.

Une seule seconde s’est déroulée depuis la fin de votre précédent virage et voilà déjà la prochaine bouée qui arrive. Dans une seconde et demi, vous allez repartir dans l’autre sens.

Où sont les freins ? Il n’y en a pas !

Comme dans une entreprise bien lancée, vous allez devoir tourner sans freiner.
La seule chose que vous pouvez faire, c’est changer de direction ! Et pour changer de direction sur le même outil (le ski) qui vous servait à ne pas dévier ce n’est pas facile du tout.
Il va falloir jouer très fin !
L’astuce consiste à changer de carre. En un petit dixième de seconde vous allez passer d’une totale opposition au bateau, celle qui vous a permis d’être catapulté de l’autre côté du sillage… à une posture très souple. Le « reach ». Vous allez rendre la main au bateau, vous laisser doucement (en 1/10 de seconde) basculer vers le bateau pour permettre au ski de basculer. Et là miracle après ce petit dixième de seconde d’apesanteur, vous allez sentir une énorme pression sous vos pieds, une énorme gerbe d’eau, de 3 ou 4 mètres de haut va se former derrière vous et vous allez vous appuyer dessus pour freiner, changer de direction et contourner la fameuse bouée (que bien entendu vous n’aviez pas regardé )!
Les Venture Capitalits (VCs) appellent cela le point d’inflexion. Votre business est une succession de points d’inflexion.
Dans chacun de ces points d’inflexions (CA qui augmente, retombées presse qui explosent, techno que vous lancez), vous allez perdre volontairement une partie du contrôle, lâcher prise.
Bien entendu cela fait très peur. Mais si vous ne lâchez pas prise, vous ne pourrez pas profiter de ces inflexions. Comme en ski, si vous ne changez pas de carre, vous ne pouvez plus rien faire à part vous planter dans l’eau.
 
Oubliez de pousser, et apprenez à profiter de la traction !
Le ski nautique est un sport de traction. Vous ne pouvez pas pousser ou lutter.
Vous avez devant vous un monstre de 1500 Kg propulsé par 350cv et lancé à 58Km/h.

Il y a 15 ans, la pub pour ma marque de bateaux préférée disait « If you want something that tracks better, buy a train ! ». Vous avez déjà essayé de faire changer un train de direction ?
Le ski est donc l’art d’apprendre à se servir de la traction.

C’est exactement pareil dans l'entreprise. Trouvez la traction : le marché, les meilleurs collaborateurs, les opportunités, l’argent de vos investisseurs. N’imaginez jamais « pousser » vos idées ou vos produits, mais faites en sorte de trouver ce qui va les tracter dans le marché.


Tomber est naturel, mais prévoyez, prévenez, anticipez et analysez !
En ski on n’apprend et ne progresse que si l’on tombe. Si l’on ne tombe jamais c’est que l’on n’est jamais proche de ses limites et que l’on stagne dans sa progression.

Mais si on tombe n’importe comment on peut se faire très très mal.
Il faut donc apprendre à connaitre les moments où l’on peut lâcher prise pour tomber avec des chances de pouvoir repartir sans séquelles. Lâcher n’importe comment, par exemple juste au moment ou le ski tape et monte sur la première vague du sillage, c’est la garantie de s’envoler à 5 mètres de haut et de retomber sur une eau en béton. Le tout à 100Km/h.
Il en va de même en entreprise. allez vous tromper, commettre des erreurs. C’est obligatoire. Si vous ne commettez aucune erreur, c’est que vous n’êtes pas à fond.

Mais, il faut apprendre à anticiper les moments où la chute peut arriver. Essayez d’échouer à des moments acceptables. Les moments qui vous exposent le moins, par exemple.
Et acceptez de lâcher prise à ces moments-là.

Ne vous accrochez pas à tout prix : la chute contrôlée est moins douloureuse.
On s’en remet plus vite et l’entreprise redémarre plus rapidement.
Analysez vos erreurs !
En ski, tomber sans analyser n’a aucun intérêt. Toutes les chutes font très mal et on ne repart jamais sans avoir bien réfléchi à ce que l’on aurait dû faire. Il en va de même en entreprise. N’oubliez jamais que la différence entre un gagnant et un perdant, c’est que le gagnant, quand il perd, sait pourquoi il a perdu et sait ce qu’il va faire pour gagner la prochaine manche.
 
Appréciez !
Le ski, comme l’entreprenariat est une pratique qui offre des sensations exceptionnelles.
Des moments uniques de bonheur absolu.

J’aime le pratiquer dans des conditions exceptionnelles. Des endroits magnifiques bien entendu, mais aussi des endroits insolites.

J’ai skié dans le bassin de rétention d’eau d’une centrale nucléaire, j’ai skié de nuit, j’ai skié dans une eau à 8° et un air à 4° avec des vortex de brume qui s’élèvent du plan d’eau.

J’ai skié en remplaçant le bateau par un hélicoptère. J’ai skié seul, avec la femme de ma vie ou avec des dizaines d’amis pour partager ces moments de bonheur.
Et c’est à nouveau la même chose en entreprise. On travaille parfois dans des conditions exceptionnelles, par le lieu, la situation, les conditions météo. On travaille seul et en groupe. On partage les joies et les peines de l’entreprenariat, seul ou avec toute son équipe. Dans les deux cas, que je ski ou que j’entreprenne, j’ai le sentiment de m’être fabriqué des moments de bonheur, des moments uniques, des moments inoubliables.

Vivre sur le fil du rasoir n'est pas si compliqué. C'est la chute qui fait mal ... mais permet de progresser.

Rendez-vous un de ces jours entre les bouées d'un prochain Ignite ! D'ici là, rendez-vous à LeWeb, stand D15, pour ceux qui ont également la chance d'y participer.


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