"Ce qu'invente le roman, ce qui s'invente comme roman, avec Balzac, dans le XIXe siècle : l'écriture fictionnelle se veut œuvre de pensée, en concurrence avec les disciplines qu'elle incorpore ou
précède (physique, biologie, « sociologie »...), et par l'ambition de formuler narrativement le non-romanesque (religion, philosophie, politique, esthétique...)".
(in Balzac : l'invention du roman, Colloque de Cerisy, Ed.Belfond).
On comprend dès lors le piège où tombe l'art littéraire devant cette littérature de substitution qui tend aujourd'hui à étendre le roman de gare, le roman pompier, à
l'ensemble du champ romanesque, au prétexte, certes compréhensible, de marchandisation maximale, de retours sur investissements ultra-rapides.
Le roman, ainsi démuni de cette force interne qui le fait "oeuvre de pensée", pointe avancée de toute discipline organisée, prémisses, visions, devient alors incapable de sortir de
lui-même. Il n'a plus qu'à bredouiller sur les plateaux de télévisions où les séries l'ont depuis longtemps parfaitement remplacé.
C'est de cette sortie du romanesque dont le roman est comptable vraiment. Sans elle, il n'est que lettre morte, histoires pour les enfants, produits de consommation.