Spécialiste de la réforme agraire, l'ancien prêtre Etienne Pesle est l'une des premières victimes françaises du coup d'Etat chilien (photo DR)
Mercredi 8 décembre, le procès de quatorze militaires chiliens s’ouvre devant la cour d’assises de Paris. Jugés pour « arrestations, enlèvements, séquestrations arbitraires avec torture ou actes de barbarie », les accusés ne seront pas dans le box malgré un mandat d’arrêt international les visant. Augusto Pinochet, Paul Schaeffer et trois autres dignitaires de la dictature étaient également visés par ce procès. Leurs décès ont éteint l’action publique initiée il y a douze ans.
Ce procès doit enfin faire la lumière sur les disparitions des Français Georges Klein, Alphonse Chanfreau, l’ancien prêtre Etienne Pesle et Jean-Yves Claudet. Proches d’Allende ou membre de la gauche révolutionnaire (le MIR), ils ont disparu entre 1973 et 1975 après la prise de la Moneda par Pinochet.
Il en aura fallu du temps pour que la justice française se penche sur ces dossiers. Mais cela semble être une constante pour ce genre d’affaires. D’autres procédures peinent à trouver écho au Chili malgré la promesse du président Sebastián Piñera de ne pas amnistier les militaires ayant commis des exactions durant la dictature. Certes, la soixantaine de procédures court encore mais elle se perd dans la lourde machine administrative et reste bloquée au ministère de l’Intérieur. Une situation dénoncée par de nombreuses associations de victimes mais très peu relayée au Chili.
En France aussi, les associations de défense des droits de l’Homme sont aux aguets. Ce procès sans accusé demeure un symbole de la lutte contre les années noires. Tardif. Mais indispensable.