C'est toujours remarquable de voir à quel point les bulletins d'information TV sont étonnés d'annoncer le froid en hiver.
C'est toujours étonnant de constater à quel point les afficionados d'un gourou le défendent becs et ongles.
C'est toujours fascinant de lire les perspectives promulguées ici ou là sur l'avenir du vin. Parker vient de publier un décalogue particulièrement précis sur ce qui va se passer dans les prochaines années, tel que l'explosion du malbec sur les marchés mondiaux, la montée quasi infinie du prix des plus grands bordeaux, la fin du bouchon de liège et autres prévisions sur le futur de la France (difficile), de l'Espagne et du sud de l'Italie (plein de promesses) et des marchés émergeants qui produiront, plus vite qu'on ne le pense, des grands vins, Chine et Inde compris.
Au sujet (sans fin) de la critique
Si le système de notes sur 100 a encore un brillant avenir pour beaucoup de spéculateurs qui trouvent dans une note de 100 de Parker un solide argument pour des achats lors de ventes aux enchères, bien des amateurs commencent à demander autre chose que l'inflation évidente, en ce moment, de ce système de notation. On en est au point de ne plus considérer des crus notés en dessous de 90 ce qui, avouons le, devient sacrément réducteur.
Ajoutons à ce constat que, de moins en moins, on aura des critiques acceptant de déguster à l'aveugle, ou alors très épisodiquement, en invoquant le besoin de connaître le nom du cru afin d'intégrer la capacité de vieillissement du vin, motif louable mais cachant trop souvent une incapacité à croire en son propre jugement. On rentre gentiment dans le rang des hiérarchies officielles.
Plus que jamais, celles-ci vont dominer les débats qui resteront sages à cet égard. Bref, les nouveaux venus ne sont pas sortis de l'auberge pour faire apprécier à leur juste valeur les vins pour lesquels ils se donnent avec passion.
Qu'en conclure ? Plus que la lecture de notes en absolu, l'amateur passionné et sans oeillères recherchera des comparatifs car, comment choisir les vins à encaver dans une catégorie particulière sans éléments de comparaison où les nouveaux venus peuvent se mesurer correctement aux références existantes ?
Depuis 15 ans, le GJE a intégré imperceptiblement cette évolution qui va obliger la critique à indiquer plus précisemment les circonstances, le cadre, le contexte des dégustations notées et listées. Un vin à table (on ne dira jamais assez à quel point c'est son but final) ne s'apprécie pas forcément comme un vin noté à la queue leuleu.
Enfin, et on sait que c'est un peu notre "dada" du moment, le style voulu par un producteur pour ses vins est un élément majeur d'appréciation. On devra naturellement y ajouter les caractéristiques du millésime.
Un autre inflation commence à étouffer l'information : celle des sites internet qui accumulent des notes et des notes (plusieurs millions sur le site d'Eric Levine) qui, in fine, se contredisent joyeusement. Bref, inutilisables. Et quelle valeur accorder à une note datant de plusieurs années ? Ma foi, si on aime - comme nous - les surprises, on se moque un peu de consulter les vieux commentaires… si ce n'est pour constater les divergences apportées par le temps.
Au sujet du temps nécessaire à l'apprentissage du vin
Dans le dernier n° 30 de la superbe revue THE WORLD OF FINE WINE, Michel Bettane a publié un article remarquable sur le nivellement par le bas de toute une génération qui ne prend plus le temps d'apprendre ce que doit être un grand vin par rapport à la masse proposée sur les marchés. La facilité domine, les différences effraient et la tendance est tristement orientée vers le plus petit dénominateur commun alors même que dans chaque région vinicole il y a des producteurs qui s'efforcent de préserver les typicités locales en dehors de tout lissage vers une satisfaction élémentaire des goûts simples. Qui prend encore le temps d'apprendre, de lire les maîtres, au lieu de se contenter de livres d'images ?
Françoise Rosay
Dans la Métamorphose des Cloportes, dialogues d'Audiard, voilà une actrice comme on en fait plus. Une pléïade d'acteurs assurent un beau moment avec Brasseur, Ventura, Aznavour, Biraud, Carmet, Géret. Voilà bien un apport positif de la multiplication des chaînes TV, de la présence de disque dur dans les décodeurs et donc de cette facilité confondante de pouvoir enregistrer ce qu'on veut, quand on veut.
© Films du siècle
Lecture
De plus en plus, on voit les hebdo habituels (Le Point, l'Express, Le Nouvel Obs) sortir des n° spéciaux qui prennent la place des revues spécialisées, offrant en quelques dizaines de pages, un beau condensé des nouveautés, que ce soit en matière TV HIFI, en montres et autres objets de luxe pour cadeaux de fin d'année, ou en matière alimentaire (vins, foies gras, et autres joyeusetés). Le Point vient de sortir sa version IPAD où on pourra consulter l'intégralité des numéros imprimés. Le grand voyageur aura ainsi, toujours à portée d'un contact WIFI, ce qu'il a à la maison. Mais toujours ce temps qui va manquer de plus en plus cruellement.
Un mot inconnu : "cardinaliser", en cuisine : cela veut dire quoi ? Solution dans le FigMag de ce WE.
Musique
Gardiner vient d'achever une intégrale des cantates de Bach (L'Express de cette semaine). Pourquoi ai-je du mal à accepter qu'un Briton puisse être "bon" avec ce génie allemand, alors même que les versions Susuki sont captivantes ? Son commentaire où il met en avant l'extraordinaire fusion des textes et de la musique par rapport, par exemple, à Telemann démontre une approche qu'on va écouter avec attention. Il ne manquerait plus que ça, que je me mette à préjuger sur ce chef d'orchestre majeur ! Mais que fait la police ?
Gastronomie
L'UNESCO consacre l'art de la table en France, le Flamenco en Espagne et autres traditions nationales, comme les foires belges… qui feront plaisir aux nationaux. Rien pour l'Helvétie ? Mais qu'est ce qui manque à la pratique de la cuisine ? Les livres ? Que nenni : on trouve des tonnes et des tonnes d'ouvrages en librairie, et des rééditions en veux tu, en voilà. Les instruments ? Dehillerin est toujours en activité. Des cuisinières ? Entre les modèles de Molteni, La Cornue, Smeg et autres luxuosités, l'amateur a de quoi travailler. Non, ce qui manque, c'est le temps, encore et toujours lui. Va t'on revenir tout doucement aus recettes de mijotage, aux pots au feu, aux potées, aux cassoulets et autres gigots de 7 heures ? Va savoir, Charles !
Assister à la préparation d'un vrai risotto milanais par Orazio Vagnozzi, un turbot par LPV, des carbonara par Christian Roger, ou des ortolans par XXX (le CSA surveille), avec quelques topettes à juste température, c'est une approche claire et nette du nirvana. Je souhaite à tous d'avoir des amis cuisiniers qui savent ainsi recevoir.
Comme chez le Grand Jacques (?) le rêve de beaucoup d'entre nous (?), une Cornue !
Un passage parisien obligé pour tout amateur digne de ce nom. Les "russes" y sont magnifiques !
Soyons pratique : une adresse que m'a chaudement recommandé Jean Marc Burgaud, où on a une cuisine cuisinée (cuisses de grenouilles, poulet à la crème) :
Emile Job
Isabelle & Eric Lépine
12, rue du Pont
01090 - Montmerle
04 74 69 33 92
[email protected]
Quand vous irez en Beaujolais visiter quelques domaines recommandés par Nicolas Herbin dans le dernier Vinifera, faites ce crochet en bordure de la Saône. Je vous rassure : il y a aussi des chambres.
Bon week-end à tous !