Soul : Démons et Justice

Par Wax
Même si ce drama coréen date un peu (août 2009), j'avais envie d'en parler histoire de marquer le début du Challenge d'Halloween. J'ai rarement trouvé une série qui mélange horreur, mystère et drame, habituellement ce sont plus les films. Mais conjuguant les fantômes et l'hémoglobine, Soul (Hon) fait une bonne introduction pour la suite - tant pis pour la tendance vampire, j'ai bien pensé à Freeze maiiis c'est... mission impossible pour moi -.
 « There's a devil inside me »
Lycéennes, les jumelles Ha Na et Doo Na vivent seules avec leur mère depuis la disparition de leur père. En s'interposant dans une incartade, Ha Na rencontre Si Woo, un adolescent passionné de criminologie - un intérêt mal vu par ses camarades. Dès lors les évènements s'enchainent réveillant progressivement chez la jeune fille des souvenirs enfouis. Des faits dont sa mère ne souhaitait pas qu'elle se rappelle. La mort de Doo Na ne fait qu'aggraver la situation mais Ha Na récupère une étrange force surhumaine. Dès lors, elle emprunte un chemin dangereux sur lequel elle croisera Shin Ryu, psycho-criminologue.
Soul s'attache à l'âme de ses protagonistes, la fouille en faisant ressortir leur facette la plus sombre. Un combat entre le bien et le mal se livre mais le bien des uns fait le mal des autres. Destruction, justice, vengeance, peur, chaque personnage possède l'un de ces sentiments mais il y a une invisible barrière que seule la folie peut permettre de briser. La série balance entre rêve et réalité, justice et injustice, le côté mystique de la possession et la manipulation psychologique. Mais dans tout cela, la mort paraît revêtir un caractère inéluctable. Tuer pour protéger ses intérêts, tuer pour venger un proche mort injustement. Le pardon, la rédemption… Bien qu'ils soient évoqués, ces derniers paraissent impossibles. Le temps a beau avoir passé, certaines blessures sont encore vives. Il n'y a pas de système manichéen mais une sorte de rapport inégal où le mal a quasiment gagné puisque les anciens criminels ne regrettent rien et sont même en position de force, protégés par la loi. Toutefois, petit à petit, ils vont connaître le retour de bâton et avoir peur pour la première fois.
Ha Na et des fragments de souvenirs
Les chocs psychologiques successifs amorcent la plongée vers  l'horreur donnant ainsi un côté réaliste à l'histoire et au personnage de Ha Na. Elle n'est pas possédée d'un coup, subitement. Ce sont plusieurs confrontations avec la mort qui la fragilisent et offrent une alternative plausible à son état. À côté de cela, la mécanique entre les personnages est complexe. Les actions du passé se répercutent sur les décisions du présent. Les personnages se sont façonnés d'une certaine façon. Si certaines actions avaient été plus réfléchies, plus juste moralement, la tournure des évènements aurait été différente. Cependant ces enchaînements lient tout le monde, si bien que les personnages secondaires ne sont pas délaissés. Et pour une fois, le triangle "amoureux" se veut particulièrement ambigu. Ha Na est un instrument de Shin Ryu mais elle lui fait entièrement confiance, semblant accepter d'être manipulée. Alors que Si-woo passe du statut d'admirateur de Shin Ryu à celui d'opposant et cherche à protéger l'adolescente à sa façon.
Les couleurs paraissent jouer avec le symbolisme. À certains passages, l'utilisation du noir et du blanc semblent évoquer le yin et le yang. L'association du rouge, - couleur de vie ainsi que de mort -, et du blanc, est aussi quelque chose que l'on retrouve dans la littérature occidentale (exemple dans Un roi sans divertissement ou Perceval). Quant à la musique, le morceau le plus marquant est la Chaconne de Vitali qui fait écho à l'atmosphère de la série. On retrouve la bonne vieille image des jumelles l'une ayant les cheveux longs, l'autre court avec leur lien si fort que même la mort ne peut les séparer, une vraie fusion. Ajoutez à cela, l'idée qu'une personne qui voit les morts à une mission à accomplir pour leur permettre de partir en paix et vous avez une série avec des bases tout à fait classiques mais qui s'en sort admirablement bien. 

C'est avec beaucoup de crédibilité que Im Joo-Eun joue une Ha Na tantôt forte, tantôt fragile aux côtés de Park Ji-Yeon (God of Study), une Doo Na morte protectrice. Face à elles, Lee Seo-Jin (Damo, Yi San) incarne un Shin Ryu oscillant entre le désir de rendre sa justice et la morale. Quant à Keon-il Park, il fait évoluer à merveille un Si-Woo timide, discret vers une personne qui choisit des moyens radicaux. Du côté des personnalités détestables, Kim Kap-Su (Chuno, A Tale of Two Sisters) campe un Do-Sik Baek, avocat de son état, absolument écoeurant et papa d'une mauvaise graine, du nom de Jong-Chan Baek, un lycéen joué par Yu Yeon-Seok. Tel père, tel fils dans l'intrigue.
Se finissant sans happy end, Soul est une série à la fois dérangeante et bien ficelée; 10 épisodes pour ce qui ressemble à une descente en Enfer. Si l'histoire se veut  évidemment fictive, la cruauté humaine qu'elle dépeint, me le semble beaucoup moins.
À conseiller, tout de même, uniquement aux amateurs de sensations fortes !