Fin août 2001, aux abords d'Ystad, la police fait une atroce découverte : une tête de femme coupée, deux mains jointes comme pour la prière reposent près d'une bible aux pages griffonnées d'annotations. Ce crime intervient après une série d'incidents macabres ; le commissaire Wallander est inquiet.Linda Wallander arrive à Ystad, impatiente d'endosser l'uniforme de la police. Contre l'avis de son père, dont elle partage l'anticonformisme et l'irascibilité, elle se lance dans une enquête parallèle, qui l'entraîne vers une secte religieuse fanatique, résolue à punir le monde de ses péchés. Elle va bientôt le regretter…
J'avais déjà vu deux épisodes mettant Wallander en scène (Les morts de la Saint Jean avec Kenneth Branagh et l'idiot du village - Byfånen - avec Krister Henriksson comme acteurs dans la peau de Kurt Wallander) et je souhaitais passer du côté romans. Dans Avant le gel, la dynamique est un peu particulière étant donné qu'il y a, d'une certaine façon, deux enquêteurs. Avec Linda Wallander, on suit les pas d'une future policière qui est partagée entre l'impatience d'enfiler son uniforme et ses inquiétudes. Alors que Kurt Wallander, bien qu'en charge de l'enquête, se trouve légèrement en retrait. Le récit met surtout en valeur l'homme au travers d'anecdotes ou confidences évoquant ses relations avec son père, avec son ex-épouse, ses souvenirs, ses petits secrets même… J'ai beaucoup aimé ce côté humain qui montre que non, Kurt Wallander n'est pas uniquement un personnage sombre. Quant à Linda, la voir s'interroger sur son métier, réfléchir sur l'enquête et y mettre plus d'ardeur quand les éléments lui échappent étaient intéressants. En somme, les personnalités des protagonistes m'ont davantage intéressée que l'intrigue en elle-même.
Pourtant il y a des bons éléments avec les gens qui disparaissent, réapparaissent mais ces moments où le passé d'untel est développé, ces retours en arrière m'ont paru longs. Les pistes sont plutôt brouillées et on se demande jusqu'où ils vont aller mais surtout pourquoi. De Norvège aux États-Unis, de Guyane en Suède, des informations du passé mais aussi bien du présent permettent au lecteur de comprendre. En finissant le livre, j'ai eu l'impression d'être entre deux eaux. Le chef de fil de cette secte est-il fou ? Ou ne l'est-il pas car il faisait preuve d'humilité ? Peut-on amalgamer folie et fanatisme ? Le choix revient au lecteur. Si l'indécision peut être frustrante, je pense qu'elle reste une bonne option. Mais en même temps, Henning Mankell se raccroche à l'actualité à la fin comme pour finalement, ne pas faire réfléchir par rapport à quelque chose de fictif, mais quelque chose de réel.
Si le résumé peut dépeindre un livre trash, je dirais qu'il ne faut pas s'y arrêter. La lecture est vraiment agréable et je suis contente d'avoir commencé par Avant le gel, cela m'a évité de faire une fixation sur Wallander en repensant sans cesse au jeu des acteurs.
Une des paroles d'Anna, l'amie de Linda :
— Le désespoir, ce n'est pas la même chose. Tout le monde doit traverser ça, c'est une initiation. Tant qu'on a pas hurlé à la lune, ou face à la mer, ou contre ses parents, on ne peut pas grandir. Le prince et la princesse Sans Chagrin n'ont aucune chance. On les a anesthésiés avec une piqûre dans l'âme. Si on veut être vivant, on est obligé de faire l'expérience de la douleur.