Résumé : En Normandie, Antoine Boitelle, spécialiste des besognes malpropres (il nettoie les fosses, les fumiers…), a connu quand il était soldat au Havre la serveuse noire du Café des Colonies, dont il tomba amoureux. Désireux de l’épouser, il la ramène au village pour la présenter à ses parents. Et c’est l’incompréhension la plus totale ! Parents et villageois n’acceptent pas cette femme noire…
Je n'ai pas lu cette nouvelle de Maupassant et même si j'ai trouvé le déroulement assez évident, je me dis que retranscrire l'univers du naturaliste dans une BD n'a pas dû être facile. Quant au thème, il n'est pas facile non plus car il s'agit du racisme. Un racisme dans la campagne du 19ème siècle né de l'ignorance tout simplement ou d'un sentiment de supériorité envers ceux considérés comme les "sauvages." Il n'est pas question d'amour, de caractère mais juste de couleur de peau et il y a quelque chose de profondément ironique lorsque que la mère d'Antoine Boitelle lui dit que la serveuse, Norène, est «trop noire». Elle ne remet pas en cause le comportement de la jeune femme. D'ailleurs, au contraire, elle la trouve agréable.
Il y a aussi les réactions des autres. À la gare, les réflexions comme "Enfin, on va pouvoir respirer". À la caserne, quand un officier parle de "gorille femelle" ou encore l'exposition coloniale qui fait pleurer Norène et on se doute bien pourquoi. Elle qui espérait pourtant que son peuple ne serait pas pour la énième fois montré comme des animaux. Malgré tout, Norène ne dit rien et quand la décision des parents tombent, elle s'en va comme si elle se doutait. Quant à Antoine, on voit que la perte de cet amour l'a marqué et qu'il se montrera tolérant avec ses enfants.
Le dessin m'a beaucoup plu et les couleurs agréables contrastent bien avec le sujet grave. Je pense que cette bande dessinée peut être bien pour des jeunes qui ne seraient pas tentés de se plonger, spontanément, dans les livres de Guy de Maupassant.