Accident ? Suicide ? Son fils n'y croit pas et demande à Thomas d'enquêter. Pendant ce temps, au ministère des Colonies, un traître divulgue à l'Allemagne des informations sur la politique anglaise en Afrique. Or Desmond travaillait aux Affaires étrangères et avait porté des accusations contre le gouvernement au sujet des colonies. Les suspects : un groupe d'hommes très influents et fort soucieux de leur réputation.
C'est alors que le corps d'une aristocrate londonienne est découvert dans la Tamise... Thomas Pitt et sa femme Charlotte vont risquer leur vie dans cette intrigue qui mêle souvenirs, amitié et affaire d'Etat. C'est toute l'expansion de l'Empire qui est en jeu.
Voilà qui aura été une lecture des plus laborieuses. Pourtant le contexte historique et l'intrigue me plaisaient au départ. La colonisation de l'Afrique sur fond de complot et jeux d'intrigues. Mais j'ai décroché au fil de la lecture. Au lieu d'essayer de deviner l'identité du meurtrier, je me suis attachée aux personnages féminins : la moderne Christabel Thorne qui est pour l'instruction des femmes, Nobby Gunne l'exploratrice amoureuse de l'Afrique, Vespasia, la vieille dame coquette ou encore Charlotte, l'épouse du commissaire Thomas Pitt. À leurs côtés, les personnages masculins m'ont parue bien fade, discret alors qu'ils sont liés à l'enquête. Peut-être aussi parce qu'ils représentent un certain conformisme et semblent là pour contrebalancer leurs épouses.
Quant à l'enquête, elle paraît bien lente. Les mensonges et les attitudes contradictoires se suivent mais jusqu'au second meurtre, j'ai eu l'impression de faire du sur place. En mettant cet aspect de côté, j'ai trouvé qu'Anne Perry traite bien la colonisation, en donnant du réalisme à son récit en parlant de figures importantes comme Cecil Rhodes ou David Livingstone. Chaque personne a son opinion sur ce continent convoité et partagé par les puissances de l'époque, ses craintes et ses espoirs. Tous ne pensent pas de la même façon et ils s'interrogent. D'ailleurs, sur le sujet, le personnage le plus surprenant est la femme du ministre des colonies, Susannah Chancellor, qui sous ses airs presque naïfs pose des questions ou fait des réflexions qui font mouche. Anne Perry expose aussi bien, les enjeux économiques et stratégiques derrière ce "partage" de l'Afrique.
Deux citations que je trouve intéressantes :
— Non… Sauf quand il m'arrive de rêver. Les souvenirs sont si délicieusement trompeurs… Je me fais du souci pour l'Afrique, surtout après la conversation que nous avons eue l'autre soir. Il y a tant d'argent en jeu, tant de profit à tirer de la colonisation. Elle est révolue, l'époque où les explorateurs partaient découvrir de nouvelles contrées pour la seule raison qu'aucun Blanc ne s'y était aventuré jusque-là. Il n'est plus question que de traités, de droits relatifs à l'exploitation des mines, et d'opérations militaires. Il y a déjà eu tellement de sang versé ! On ne parle plus des missionnaires. Voilà plus de deux ans que je n'ai pas entendu citer les noms de Moffat ou Livingstone. On ne parle que de Stanley et de Cecil Rhodes désormais, et d'argent, bien entendu.
— Ils peuvent être aussi retors, profiteurs ou despotiques que n'importe quel Blanc. Ils sont capables de vendre leurs ennemis à tout Arabe qui les achètera. C'est leur façon de traiter les prisonniers de guerre. Ils n'ont pas un sens moral différent du nôtre, ils ont seulement moins de pouvoir, que nous, les Européens, avec nos armes à feu, nos canons… Je crains que nous répandions le mal, nous, que l'idée du profit rend gourmands, et celle d'un empire, voraces.
Robert Moffat : Missionnaire ( Biographie & informations : Scottish missionary to South Africa )
Cecil Rhodes : Homme d'affaires et politique. ( article : A bad man in Africa )
Sir Henry Morton Stanley : Explorateur et journaliste ( article : BBC - Historic figures )