Des chercheurs de l’université de Harvard viennent de publier une étude, basée sur les statistiques de l’OCDE, concernant les programmes de redressement de leurs finances publiques réalisés depuis 1980 par les pays de l’OCDE (1). Ils ont choisi les dix plus importants redressements : une baisse des déficits publics supérieure à 1,5 % du PIB. Ils ont calculé la part des hausses d’impôts et celle des baisses de dépenses publiques dans ces programmes de redressement. Ils ont comparé ces données aux résultats des élections qui ont suivi la période de redressement.
Les conclusions sont claires : du seul point de vue électoral, la baisse des dépenses est préférable à la hausse des impôts. Les gouvernements qui ont choisi la baisse des dépenses ont été réélus, et même plusieurs fois : Irlande, Canada, Belgique, Suède. Ceux qui avaient choisi la hausse des impôts — Italie et Grèce — ont été battus (l‘Italie avait même augmenté ses dépenses publiques !). Au Portugal, Francisco Carneiro, le Premier ministre élu en 1980, leader de l’Alliance démocratique (centre-droit), perdit la vie dans un accident d’avion quelques mois après sa nomination. Son successeur Calvaco Silva n’avait pas son charisme. Il perdit les élections de 1983 mais son successeur Mario Soares, à la tête d’un gouvernement de coalition incluant l’Alliance démocratique, poursuivit la politique d’économies de ses prédécesseurs et fut élu président en 1986. Au Royaume-Uni , les conservateurs, après 18 ans au pouvoir, étaient en 1997 en fin de course. Tony Blair, élu en 1997, a poursuivi leur politique d’économies budgétaires pendant son premier mandat et a été réélu en 2001.
Ces résultats sont contraires à l’opinion dominante, en particulier celle des hommes politiques qui craignent l’impopularité supposée des économies budgétaires. L’explication de cette erreur d’appréciation est simple : les hommes politiques rencontrent fréquemment les dirigeants des syndicats du secteur public et les représentants des lobbies, qui sont les perdants des économies budgétaires. Ils ne voient presque jamais les contribuables qui bénéficient des baisses d’impôts. Ils ne voient que très rarement les bénéficiaires d’une croissance économique causée par des finances publiques saines : les dirigeants de PME, les salariés du privé, les chômeurs. Ces bénéficiaires de la croissance apprécient aussi la réduction des privilèges du secteur public et des secteurs subventionnés, qui atténue des inégalités sans fondement.
Le nouveau gouvernement britannique a compris où est son intérêt électoral : les baisses de dépenses représentent 75 % du redressement qu’il vient d’entreprendre. Puisse le gouvernement français le comprendre aussi !
Alain Mathieu, président de Contribuables Associés
(1) The Electoral Consequences of Large Fiscal Adjustments
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