Il y a si peu – mais est-ce une surprise ? – à retenir de cet entretien, celui accordé par la première secrétaire du Parti (présumé) Socialiste au Journal Du Dimanche, hormis une vacherie et une tartufferie.
Or donc, la vacherie pour commencer. Elle vaut son pesant.
Faut dire qu’Aubry reprenant à son compte un terme employé par Nicolas Sarkozy, c’est salement jouissif, d’autant plus que ladite vacherie est destinée (en grande partie) à la dame de Melle, la Mitterrandienne à la petite semaine, laminée, faut-il le rappeler, par Sarkozy en 2007.
Bref, c’est du brutal.
Mais entrons dans le vif.
Que dit-elle au juste, Martine Aubry, quant à ces candidatures qui, avant l’heure (la sienne, ça on l’aura compris) prolifèrent ?
Eh bien, elle sarkozyse d’entrée, précisant que son rôle « n’est pas celui d’un commentateur politique », que « son devoir » est de « préparer la gauche (?) à gagner en 2012 » en maintenant « le cap » sans « se laisser distraire par le clapotis des vagues ».
Oui, vous avez bien lu, les « vagues » de candidatures, celles de Montebourg, de Royal, sont réduites à un « clapotis ».
Il va sans dire que le terme n’est pas innocent, il renvoie clairement (donc) à Nicolas Sarkozy, qui le 13 avril 2010 sur la chaîne américaine CBS, répondant à une question portant sur les rumeurs affectant son couple les avait qualifiées itou de « clapotis » :
« Tout ce petit clapotis n’a pas d’importance. Cela fait partie de la vie moderne, d’un système. C’est comme ça, il n’y a pas lieu d’en faire de commentaires. De toute manière on n’y peut rien. »
Il suffit de transposer, et vous comprendrez que pour Martine Aubry, la candidature de Ségolène Royal aux Primaires « n’a pas d’importance » et « il n’y a pas lieu d’en faire » le moindre commentaire. Cette candidature (et avec elle, la personne de Ségolène Royal) est aussi insignifiante qu’une « rumeur ».
Voilà ce qu’il faut entendre.
Entre autres. Tant le mépris qui suinte est grand. Si ce n’est la haine. Et celle-là, de haine, n’a rien de secondaire ..
Ce premier point en dit long sur la bonne ambiance qui règne au sein du Parti Socialiste.
Mais le second, qui concerne les Primaires et leur(s) mode(s) de fonctionnement, n’est pas mal non plus.
Que dit Aubry ?
En substance, ceci :
« C’est au printemps que nous présenterons le projet des socialistes pour la France (…) Je présenterai en janvier, après en avoir discuté avec tous les dirigeants, notre feuille de route et la façon dont nous allons travailler ensemble (…) Le calendrier a été fixé: en juin les candidats, à l’automne le vote. »
Or donc, qui décide du projet ?
La direction du Parti Socialiste. Et il doit, ce projet, être acté avant la désignation du candidat.
Mais alors, à quoi servent ces Primaires ?
Je vais vous le dire : à rien. C’est un simulacre. Une tartufferie.
Car, au fond, de vraies Primaires, ça ressemblerait à quoi ?
A des projets.
Portés par des candidats (ou des équipes). Ce qui n’est pas un non-sens. Chacun sachant qu’au sein de PS, il y a – et c’est normal – plusieurs courants d’idées. Et ils doivent, vu de ma fenêtre, s’exprimer afin d’être débattus, confrontés, jaugés.
En vérité, les électeurs devraient se prononcer sur le meilleur projet, non sur le meilleur candidat.
Ça, c’est l’idée que je me fais de vraies Primaires et, qui plus est, de la démocratie.
Or là, nous avons un projet et un seul, décidé par l’équipe dirigeante du PS.
Bref, nous sommes dans le même cas de figure qu’en 2006/2007. Avec le résultat que l’on sait, et les aveux (qui n’en étaient pas) qui suivirent, sur les 35 heures et le SMIC à 1500€.
Ce qui s’appelle, en bon français, « mettre la charrue avant les bœufs (ou les bourrins) ». Mais, on l’a bien saisi, à desseins ..
En d’autres termes, et pour être tout à fait clair, qui mieux que Martine Aubry (ou DSK) pourrait porter le projet du PS en 2012, étant donné que c’est elle et la direction du PS (et DSK) qui l’élaborent ?
Voilà ce qu’il faut entendre. Parce que c’est la logique même. C’est une évidence.
Enfin ! Qui, dans ces conditions, enverrait, une Royal ou un Hollande défendre un projet qui n’est pas vraiment le sien ? Au nom de quoi ? Au nom du « nous sommes tous des socialistes » ? Du « rassemblement » ? Allons ! Vous savez bien que ça ne marche pas, pas dans ce sens-là !
Voilà pourquoi je dis que c’est de la tartufferie, un simulacre.
Quant à l’aspect « démocratique » de ces Primaires, c’est de l’habillage. De la foutaise ! De l’attrape-couillons. Tout est verrouillé, le projet comme le calendrier. Faudrait être abruti au dernier des degrés pour ne pas le piger !
Dès lors, on comprend mieux pourquoi les candidatures de Montebourg, Royal, et même de Valls et autres Moscovici, sont, pour Martine Aubry (et la direction du PS) de l’ordre du « clapotis ».
CQFD.
Or donc, il n’y a pas de Primaires. Certes, il y aura un vote, mais depuis quand la démocratie (puisque c’est ainsi qu’on nous vend ces Primaires, comme le nec-plus-ultra de la démocratie et la preuve que le PS est un parti moderne – il est, là, permis de rire aux éclats ..) se résume à cela : une urne ?
Cette urne, voyez-vous, je la prédis funéraire, une fois de plus.