Le pays reste dans l’impasse avec deux présidents à sa tête qui ont prêté serment chacun de leur côté : le sortant Gbagbo et Outtara, soutenu par la communauté internationale
La confusion totale règne toujours en Côte d’Ivoire, une semaine après le deuxième tour de la présidentielle et la proclamation de résultats contradictoires entre ceux de la Commission électorale, jeudi, qui a donné Alassane Ouattara, victorieux (avec 54,1 % des voix), et ceux du Conseil constitutionnel qui a déclaré vainqueur le président sortant Laurent Gbagbo (51,45 %). Depuis les deux hommes ne désarment pas et hier, ils ont tour à tour prêté serment. « Devant le peuple souverain de Côte d’Ivoire, je jure solennellement et sur l’honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution », a lancé Gbagbo depuis le palais présidentiel. Mais Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, se retrouve seul contre une bonne partie de la communauté internationale, comme il l’avait été après l’éclatement de la crise politico-militaire de 2002 qui avait abouti à la partition en deux du pays, le nord étant occupé par la rebellion des Forces Nouvelles de Gauillaume Soro. Ce dernier, devenu en 2007 le Premier ministre de Gbagbo conteste d’ailleurs la victoire du Président sortant et a remis sa démission et celle de son cabinet à Alassane Ouattara qui la reconduit dans ses fonctions. Dès vendredi, Soro avait reconnu Ouattara comme président. Fort du soutien des Nations unies, des grandes capitales occidentales et de l’Union africaine, Ouattara, ancien-vice-président du Fonds monétaire international, a lui aussi prêté serment « en qualité de président », cette fois par courrier adressé au Conseil.
Ex-puissance coloniale, la France, qui s’était montrée très prudente, est sortie de sa réserve et a appelé au respect de « la nette et incontestable » élection d’Alassane Ouattara. De son côté, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a souligné que son institution, dont Abidjan attend un considérable allégement de dette, ne travaillerait pas avec un gouvernement non reconnu par les Nations unies, comme celui de Laurent Gbagbo. Mais l’intéressé, se posant en garant de la « loi » et de la « souveraineté » de son pays, a fustigé les « ingérences » venues du « dehors ». Les grands chefs de l’armée régulière, dont l’attitude est décisive pour l’issue de cette crise, se sont « mis à sa disposition ». Le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon a exprimé sa « profonde inquiétude » à propos de l’impasse en Côte d’Ivoire « en dépit du résultat transparent et crédible » de l’élection présidentielle.