une interview exclusive au Journal du dimanche.
Vous ne parlez que maintenant, pourquoi?
Mon rôle n’est pas celui d’un commentateur politique. Un jour on nous dit qu’il n’y a pas assez de candidats aux primaires,
un jour qu’il y en a trop! Pour moi, les choses sont simples. Les socialistes qui pensent pouvoir diriger la France ont le droit d’être candidats aux primaires. Mais moi, en plus, j’ai un devoir:
montrer aux Français qu’une autre France est possible, préparer la gauche à gagner en 2012 et à réussir après. C’est ce que les Français attendent de moi, et je m’y tiendrai. Le rôle du
capitaine, c’est de tenir fermement la barre, de maintenir le cap et d’amener l’équipage à bon port; ce n’est pas de se laisser distraire par le clapotis des vagues.
La déclaration de candidature de Ségolène Royal vous a-t-elle surprise?
Ségolène Royal a toujours dit que si elle le pensait possible, elle présenterait sa candidature. C’est ce qu’elle a fait. Je
respecte le choix de chacun.
Cette semaine, vous étiez à Lille….
Oui, j’étais auprès des Lillois au moment des premiers grands froids. Vous savez, c’est difficile pour beaucoup de Français
aujourd’hui. Certains ne savent pas comment ils vont payer leur facture énergétique, d’autres n’osent pas allumer leur chauffage à cause du coût, beaucoup de gens dorment dans la rue. Ma première
responsabilité, dans ma ville comme au niveau national, c’est d’être auprès des Français. Je vais continuer dans les jours qui viennent à aller à la rencontre des Français qui souffrent, mais
aussi de ceux qui se battent, qui agissent, qui innovent…
"J’annoncerai ma décision personnelle en juin"
La gauche sera-t-elle prête en 2012?
Oui bien sûr, parce que la France en a besoin! Vous savez, on a déjà beaucoup travaillé. Par exemple pour retrouver la
croissance et l’emploi, pour une réforme juste et efficace des retraites, pour une vraie politique de sécurité… Samedi prochain, nous ferons nos propositions sur l’éducation, le logement, la
santé… Et nous poursuivrons les semaines suivantes avec les institutions, mais aussi l’industrie, l’emploi… C’est au printemps que nous présenterons le projet des socialistes pour la France. Nous
dirons clairement aux Français ce que nous ferons dans les trois premiers mois après l’élection, ce que nous ferons dans le quinquennat et au cours de la décennie. Nos priorités seront affichées
et bien sûr financées. 2011, c’est aussi la préparation de cette formidable révolution démocratique que sont les primaires. Tous les Français qui veulent l’alternance pourront choisir notre
candidat. C’est un acte de confiance extraordinaire. Pour réussir tout cela en 2011, tous les socialistes doivent être mobilisés. Notre responsabilité est collective. C’est pourquoi je
présenterai en janvier, après en avoir discuté avec tous les dirigeants, notre feuille de route et la façon dont nous allons travailler ensemble. Je le redis, et chacun le sait bien: nous ne
réussirons que collectivement.
Certains pensent que les primaires vont être une machine à perdre, faut-il accélérer le
calendrier?
J’observe que la patience ne pousse pas dans tous les jardins. Quand on a vocation à diriger le pays, on se doit d’être
serein et responsable. Le calendrier a été fixé: en juin les candidats, à l’automne le vote. Ce choix a une vraie cohérence politique. Les primaires vont entraîner un immense mouvement de
mobilisation des Français qui doit nous accompagner jusqu’à la victoire. Je ne vois aucune raison, sauf l’impatience de l’un ou l’autre, de changer ce calendrier que les militants ont voté et que
la grande majorité des dirigeants socialistes approuve.
Et vous, vous vous sacrifiez au nom de l’ambition collective?
Je ne vois vraiment pas les choses comme cela ! Et quoi de plus enthousiasmant pour le chef du principal parti d’opposition
que de préparer la victoire de la gauche en 2012? Nous devons avoir le plus beau projet et le meilleur candidat. La France en a besoin pour retrouver le chemin du développement et de la justice,
et pour être à nouveau enviée et respectée dans le monde. J’ai la responsabilité de conduire ce travail collectif avec sérénité et, croyez-le bien, avec détermination. J’annoncerai ma décision
personnelle en juin, comme notre calendrier le prévoit.
Bruno Jeudy et Cécile Amar - Le Journal du Dimanche
Suite de l'interview :