Écrivain lauréat de nombreux prix littéraires, Guillaume Vigneault a l’air d’un quidam avec ses vêtements bohèmes et son éternelle cigarette au bec. Humble de nature, l’auteur nous suggère des romans à son image: qui vont droit au but, sans flaflas ni fioritures.
Auteur-né, pourrait-on croire Guillaume Vigneault quand il raconte qu’il inventait des histoires dès l’âge de deux ans? D’autant plus qu’il est le fils de l’illustre Gilles, ce barde national qui lui a inculqué l’amour des mots. «Mais je suis d’abord un lecteur. Boulimique», précise-t-il.
Jonathan Livingston le goéland de Richard Bach
L’étranger d’Albert Camus
«À l’opposé, j’ai profondément détesté L’étranger d’Albert Camus à sa première lecture.» L’auteur a
La nuit de l’Oracle de Paul Auster
Comme ceux de sa génération, Guillaume Vigneault, 37 ans, préfère souvent la vivacité et la candeur des plumes d’Amérique aux écrits alambiqués de la vieille Europe. «Ici, on a encore la volonté de raconter des histoires sans vouloir montrer comment on est brillant.» À mi-chemin entre culture populaire et littérature, l’auteur cite à titre d’exemples les Philip Roth, Jonathan Frentzen, John Irving, et particulièrement le «fabuleux» titre La nuit de l’Oracle, de Paul Auster.
Volkswagen blues et Le vieux chagrin de Jacques Poulin
Vautour de Christian Mistral
Jacques Poulin, c’est celui dont je me sens le plus proche, mais il y a aussi Louis Hamelin et Christian Mistral. Vautour, de Mistral, c’est une véritable leçon d’écriture. J’en suis jaloux!» Le genre de roman que Guillaume aurait voulu écrire lui-même. «C’est important d’être connecté avec ce qui s’écrit, se chante ou se filme ici.»
Les carnets du sous-sol de Fédor Dostoïevski
Une constante chez Vigneault: un roman n’a pas besoin d’être un pavé pour s’avérer une œuvre complète. «Il y a des auteurs dont l’essence est ramassée en un seul livre. Tous leurs thèmes, toute leur esthétique y sont concentrés.» Les carnets du sous-sol, de Fédor Dostoïevski, est l’un de ceux-là. «On touche à l’essence de Dostoïevski. C’est l’histoire très rock and roll d’un gars mal dans sa peau, masochiste. L’apogée de tous les pires sentiments humains, mais en même temps une leçon d’écriture magistrale. C’est “garroché” ce texte-là, mais il a une telle force brute!»
Sans avoir fait une croix sur la littérature –il a un roman en chantier–, Guillaume Vigneault a foncé tête baissée dans une foule de projets depuis la sortie de son dernier opus en 2001. «J’ai tâté un peu le journalisme, mais je me suis rendu compte que ce que tu écris doit être vrai! Un gros obstacle à la créativité. Par ailleurs, on apprend souvent plus dans les romans. Est-ce que la leçon est plus forte parce que c’est arrivé dans la vraie vie? Pour moi, c’est le contraire. Le roman est le laboratoire ultime d’expérience humaine.»
Tout est parfait, long métrage sur le suicide des adolescents
L’auteur, au moment de l’entrevue, se consacrait à la scénarisation du film Tout est parfait, un long métrage qui abordera le thème du suicide chez les adolescents. «On s’est tellement fait accroire que ce que nous sommes, c’est ce que nous possédons. Le matériel quoi. On propose un style de vie qui n’a pas de bases solides, sans repères symboliques…» Guillaume Vigneault croit que nous sommes tous victimes d’une profonde perte de sens, d’une acculturation globale.
En espérant que les mots puissent remédier un jour aux maux de notre société.