Un dimanche tout de gris dévêtu , "total look" en quelque sorte entre un ciel d'apparente froideur, l'ardoise luisante des toits et les murs en silence. Il resterait pourtant -juste- à rajouter un soupçon d'autre chose pour envisager l'horizon immédiat en tableau d'apparat -ou presque- et transformer la solitude des a-priori en un espace paisible et serein.D'ailleurs, le gris semble parfaitement coller à la dernière vague. On l'accommode à toute la palette, pour créer, des lieux de vie au design connecté avec un temps qui se cherche provisoirement des pelures dans le nombril, quelques raisons de respirer sans-doute.Tout est façade...Ici, elle s'annonce maritime mais peut-être n'est-ce guère plus qu'un mirage humide porté par des envies d'ailleurs, des supposées conquêtes, des appels à dache, la compagnie des âmes en bois flotté ?
A l'avant-dernière page, l'auteur qui voulait en finir (??) avec un bouquin pesant son poids de franche lucidité a noté en italique: "et pourtant, toujours, nous nous choisissons un compagnon; non pour nous, mais pour quelque chose qui est en nous, hors de nous, qui a besoin que nous manquions à nous-même pour passer la ligne que nous n'atteindrons pas...Compagnon par avance perdu, la perte même qui est désormais à notre place..."*
Aujourd'hui, j'ai fini le livre.Il s'en est retourné à sa place, sur l'étagère aux souvenirs endormis et il ne tient qu'à l'aventurier de passage de hisser sa toile, pour mélanger au gris qui s'interroge, deux ou trois touches de couleur plus vives afin de garder en mémoire la majesté des ombres qui échappent à la nuit .
*-extrait de: "La diagonale du vide" de Pierre Péju-
peinture: Juan Gris-