Les effets de mode sont la nouvelle marotte des financiers du cinéma, et à chaque succès surprise, nous voyons débarquer des ersatz de qualité inégales, souvent revendus au rabais à des spectateurs n’ayant pas l’audace d’aller chercher les précédents (souvent meilleurs). Phénomène de masse, ou inconscience collective, nous laissons notre porte ouverte à des flopées de tâcherons suite à des Saw ou autres Blair Witch Project, sans se rendre compte qu’il est largement inutile d’essayer de creuser dans ces directions.
Bref, quand le film réunit l’héroïne des Resident Evil (et on apprécie que Jovovich veuille remonter la pente, mais ça n’est pas comme cela que ça va fonctionner…), et un réalisateur déjà coupable d’une copie conforme (The Cavern, à défaut de The Descent), il n’en faut pas plus pour allumer les feux de détresse. Que nenni, poussez par un sado masochisme mercantile, nous voilà lancé dans cette histoire de psychanalyse des « abducted », ces gens enlevés par les méchants E.T.s. Pour la faire courte, car de toute façon il sera impossible d’épiloguer, on se retrouve une heure et demi plus tard face à un néant scénaristique absolu marqué de diverses tentatives de mettre en avant une fausse intelligence de mise en scène, où le réalisateur ose entre tout se mettre lui même devant l’écran comme unique témoin (avec présentation de son actrice en sus) de sa médiocrité. Oui, The Fourth Kind (titre VO largement préférable au français, mais ce détail est inutile) est un amalgame entre mauvais goût et inutilité publique, tentant de rassembler faux documentaire et thriller fantastique, oubliant au passage de parler au spectateur, ou du moins de lui montrer des choses.
La vraie force du film sera donc de faire dans l’invisible. Entre deux patients de l’héroïne (la faux faux, ou la faux vraie, entre les fausses archives incorporées au film, en réalité de vraies fakes inconsistants), on ne nous montre absolument rien, tentant de jongler avec des effets de sons ou de montages (split screen…) absolument gonflants et répétés. Voici un film plus proche du téléfilm d’investigation, du pseudo documentaire télévisé, avec une dose d’acteurs en plus, sans réelle innovation derrière cela, et un ego démesuré essayant de s’imposer brutalement sans réel argument. En cela, on se demande ce que viennent faire ici Will Patton ou Elias Koteas, qu’on a connu plus inspirés dans leur choix de carrière.
Au final, on assiste de manière étonné à un non film qui n’est autre que le récit d’une jeune femme psychologue très perturbée, sorte de dernière roue du carrosse derrière Paranormal Activity ou autre Rec (voir une petite liste ICI), bien moins inspiré, particulièrement creux et égocentrique (voir le réalisateur clore le film est d’un ridicule), parsemé de fausses archives qu’on tente de nous faire croire légitime (belle insulte au spectateur), dans un imbroglio d’histoire qui ne tient pas ses promesses. Passez votre chemin!
Le DVD français (Metropolitan Film Export) ne propose que quelques bonus de facture classique (mais les fans devraient appréciés), entre scènes coupées, liens vers le site web et bande annonce. Version (son et sous titres) française et anglaise disponible.
Plus d’informations sur le site de Cinetrafic, notamment leur fiche consacré à Phénomènes Paranormaux.