Pornographie de Simon Stephens
Obscénités intérieures
Paris, Théâtre national de la Colline jusqu’au 18 décembre 2010
sur WEBTHEA
Londres, 7 juillet 2005. Quatre attentats suicides dans les transports en commun londoniens provoquent la mort de cinquante-six personnes et causent de nombreux blessés. C’est autour de ce fait divers tragique que s’inscrit cette pièce du jeune dramaturge anglais Simon Stephens, écrite trois mois après ces événements. Non pour aborder une analyse des ressorts et des conséquences du terrorisme à la manière d’un théâtre documentaire, mais pour établir en parallèle une mise en perspective des réactions provoquées par ce drame, croisant dans la même période un concert Pink Floyd à Hyde Park et l’attribution des Jeux olympiques 2012 à la ville de Londres.
A travers sept personnages majeurs, évoquant à la manière de Shakespeare (Comme il vous plaira) les “ Sept âges de la vie ” se dessine un quotidien dont la médiocrité et les troubles portent reflets de la société environnante. On croise ainsi successivement, une mère de famille confrontée à l’espionnage industriel, un étudiant réac et violent qui désire sa prof, les retrouvailles d’un frère et d’une sœur ouvrant sur l’inceste et celles d’un enseignant solitaire avec une ancienne élève, la trajectoire d’un anglais porteur de liquide inflammable dans les méandres du métro ou encore une vielle femme travaillée par une libido envahissante. Autant de situations dont les transgressions issues des ombres de l’intime résonnent comme une défense et un appel à briser les solitudes d’êtres fragilisés ou en quête identitaire, mais dont l’agressivité et la violence peuvent ouvrir sur des agissements extrêmes sur laquelle la réalité immédiate n’a pas vraiment de prise. Une manière d’ouvrir questionnements et réflexions sur le monde contemporain.
Traduite par Séverine Magois, cette pièce est mise en scène par Laurent Gutmann dans un ordre chronologique. Sept séquences présentées sur un praticable frontal adossé à une large baie vitrée coulissante offrant une vue panoramique sur un appartement occupé par l’ensemble des personnages. Coté jardin, quelques projections en noir et blanc s’apparentent aux captations vidéo des caméras de surveillance dans les espaces publics. Si la représentation semble parfois un peu trop hésiter entre réalisme et distanciation, elle n’en porte pas moins avec acuité les accents troublants issus des fractures de la condition humaine, traduisant ses échos au-delà des mots, grâce à une interprétation homogène et tonique, composée notamment de Serge Maggiani, Arnaud Churin, Pauline Lorillard et Yvonne Leibrock.
Pornographie de Simon Stephens, mise en scène Laurent Gutmann, avec Arnaud Churin, Maryline Cuney, Raina Kakudate, Yvonne Leibrock, Pauline Lorillard, Serge Maggiani, Lucas Partensky, Jean-Benoît Souilh. Scénographie Mathieu Lorry-Dupuy et Laurent Gutmann, lumières Marie-Christine Soma, costumes Axel Aust, son Madame Miniature, vidéo Ludovic Rivalan. Durée 1 h 50. Théâtre national de la Colline jusqu’au 18 décembre 2010. © Elisabeth Carecchio
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Théâtre
Par Jacky Viallon
"Le bel indifférent" toujours sur Webthea de Jean Cocteau avec Ségolène Point, mise en scène Christian Baltauss.
au Théâtre Ménilmontant
« Le bel indifférent » de Jean Cocteau Théâtre Ménilmontant Paris 20°
Joué par Ségolène Point dans une mise en scène : Christian Baltauss
Après des écritures plus symbolistes Jean Cocteau participe à des écrits plus conventionnels et plus réalistes tel que « Le bel indifférent ». Probablement une commande soufflée par son amie Edith Piaf. On retrouve alors dans l’œuvre littéraire, et la matérialisation qui en est faite sur scène, l’ambiance des années quarante. Les tensions semblent tapit au-delà du décor et du théâtre. Bien que les sentiments et la situation psychologique soit différents du scenario du film « Le jour se lève » datant de la même époque on retrouve l’oppression du huis clos et de l’enfermement. Dans un cas comme dans l’autre on voit bien qu’il n’y a pas d’espoir de bien être en ces personnages. La situation va se dégrader au fur et à mesure de la pièce. Alors nous spectateur/voyeur on attend, comme au cirque la chute, finale, fatale et prévisible.
C’est là, que le metteur en scène et directeur d’acteur Christian Baltauss nous ajuste nos lorgnettes : tout en gardant à l’esprit cette hypothétique mise en abîme, il sait nous faire attendre par quelques habiles digressions et nous entraîner dans le désarroi du présent scénique, c’est-à-dire dans le direct pour partager, avec le plateau, le malaise de cette attente.
À travers toutes ces subtilités inaperçues au premier coup d’œil la comédienne, Ségolène Point, porte et traduit assez bien les diverses pulsions et déchirements du personnage, elle a toute au moins la qualité de ne pas sombrer dans un jeu mélodramatique qui serait alors inopérant. On regrette toutefois que Jean Cocteau ait économisé son texte, il aurait pu jouer sur un peu plus de suspensions, tout en tirant à la fois sur la ficelle du temps et de l’action afin d’alimenter plus d’actif à cette dramaturgie. À l’origine, ce texte n’est probablement que le canevas d’une performance ou d’un argument d’improvisation. Mais après tout, aux dires de T. Kantor : « C’est le public qui vient au théâtre, c’est lui qui fait la démarche, alors c’est à lui de faire le travail avec son imaginaire … » Bien sûr ce propos est de sympathique bienveillance car on sait très bien que, derrière ce désintéressement affecté, toute une équipe fait un travail discret, clandestin mais …par la grande magie du théâtre …tellement lumineux !
Par Jacky Viallon
« Le bel indifférent » de Jean Cocteau Joué par Ségolène Point et la présence de Ludovic Doyard. Mise en scène : Christian Baltauss Jusqu’au 19 décembre 2010 Jeudi au samedi 21 h 15 - Dim : 17 h 30 Théâtre Ménilmontant Paris 20° 15 rue du retrait tel : 01 46 36 98 60 Photographe : Richard BALTAUSS
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Pourquoi j'ai parlé de ces pièces là parce que j'aime j'ai aimé j'aimerai toujours et j'aurais envie d'aller voir toujours d'autres pièces, plus que celles que je vois, j'ai un réservoir de désirs et de curiosité intarissable