Les prix Nobel scientifiques sont certes admirables. Cependant les lauréats viennent généralement de pays à fric.d'endroits où la recherche est sérieusement financée, où il y a du matériel, des laboratoires, du fric. Beaucoup, par ailleurs, de ces lauréats travaillent pour le nucléaire. Il n'y a que le prix de littérature qui peut récompenser une sarde: grazia Deledda... Dans son pays, il n'y a guère de superbes appareils de physique ni de labos surpuissants financés par des mécènes libéraux.
Israël, pays de fricet de trouffions a eu sa part de gloire nobélisée.Pourtant, ce n'est pas ce qui m'émeut le plus. Pour moi, le grand prix Nobel israélien est Schmuel Agnon. Un écrivain. Un homme qui composa une oeuvre avant qu'Israël devienne une puissance économique. Mais en étant déjà criminel.
Agnon fidèle à Israël, n'en était pas moins troublé. Il n'était certes pas le seul. MAis il montre bien les premiers doutes, les premières hésitations des bâtisseurs d'Israël sans trop s'étendre à propos des massacreurs d'Arabes dont l'ignominie restera dans la mémoire des siècles. Dans une position délicate et fidèle à son pays, Agnon eut la dent dure et le coeur fort. C'était un pauvre, un homme venant d'endroits aux régimes immondes, comme beaucoup. Mais aussi un conscience troublée à un moment où ce n'était guère à la mode. Végétarien, pourtant, il avait un peu trop de tendance mystique à mon goût. Mais toout de même, une grande âme hésitante, un homme qui observeet parvient -pas toujours- à s'extraire de la folie nationaliste tout en rêvant de paix, eh bien, j'admire...
Il faut aussi lire Oren: il existe une belle littérature israélienne, toujours un peu dissidente par rappport au discours sioniste... Parfois timidement, souvent férocement...