Ces derniers jours, nos journaux télévisés nous ont longuement entretenus des difficultés engendrées par d’abondantes chutes de neige, en avance de deux ou trois semaines sur le calendrier. Événement considérable, fort heureusement largement traité par ces organismes qui se disent d’information. Je n’ai par contre pas vu évoqué certain mémo de l’ambassadeur des Etats-Unis en France, Charles Rivkin, adressé en décembre 2009 au chef du département d’État, Madame Hillary Clinton. Eh oui, dans de jeunes États encore novices en démocratie, un diplomate a la naïveté d'en référer à son supérieur direct et non au Président.
Dans ce mémo, devenu public par la grâce de l’immonde Wikileaks, Charles Rivkin rapportait que ses contacts à l’Élysée lui avaient fait part des efforts qu’il leur fallait déployer pour éviter de contrarier ou d’énerver notre monarque. C’est ainsi qu’ils avaient modifié le trajet de l'avion présidentiel pour éviter que Nicolas Sarkozy n’aperçoive la tour Eiffel illuminée aux couleurs de la Turquie lors de la visite de son Premier ministre Erdogan. Pensez donc, une initiative de l’infâme Belzébuth qui, retranché dans sa citadelle parisienne, se comporte comme si la vieille dame de fer lui appartenait, au point de l’utiliser pour faire des politesses à l’Ottoman dont notre Président ne veut pas dans l’Union européenne.
Voilà pourtant une information sur les pratiques de notre souverain et de sa cour qui me semble aussi digne d’intérêt et tout autant consternante que celles relatives aux vicissitudes subies par nos concitoyens du fait de la neige et du verglas. Elle m’amène à formuler quatre hypothèses :
- Les carpettes qui entourent Nicolas Sarkozy ne reculent devant aucune bassesse pour lui complaire. J’emprunte ici à Didier Porte le mot qu’il a prononcé à propos de la suspension d’antenne d’Audrey Pulvar, en raison de son intimité avec le candidat à la candidature Arnaud Montebourg : « ce qui compte, ce n’est pas avec qui on couche, mais devant qui on est prêt à se coucher ».
- Les colères de notre Président, homme d’État si maître de lui, sont si terribles que ses collaborateurs tremblent à l’idée de pouvoir les subir.
- Les conseillers de notre Président le tiennent tellement bien au fait de l’actualité et de ce qui se passe dans sa capitale qu’avant son escapade on ne sait où, il ignorait tout de la décision du Maire de Paris.
- Nicolas Sarkozy était bien au courant mais n’attache aucune importance à ce qu’on lui dit. Tel saint Thomas, un saint, pensez le poids de la référence !, il lui faut voir de ses yeux. Voilà pourquoi il multiplie les voyages dans son royaume pour voir les vrais gens, ignorant ou feignant d’ignorer que ce sont leurs cartes de militants UMP qui leur ont permis de franchir les cercles concentriques de ses anges gardiens.
Je ne sais si l’une ou peut-être plusieurs de ces hypothèses (est/sont) fondée(s) mais quelle(s) qu’elle(s) soi(en)t, c’est plus que navrant.