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Master of Puppets

Publié le 04 décembre 2010 par Luxyukiiste

Master of Puppets

Les éditions Tonkam continuent d’éditer en français les recueils d’histoires courtes de Junji Ito, avec La maison de poupées, sorti le 13 Octobre. Un titre qui correspond à merveille à l’oeuvre du mangaka horrifique, en faisant appel à une de ses obsessions : la figure du pantin envoûté.

Dans Tomié, saga en trois tomes, une jeune femme à la beauté stupéfiante rend complètement fou tous les hommes qu’elle croise. Elle leur dit qu’elle les aime, mais pourtant, elle n’en profite pas : son seul but est de les mener vers la folie. Enragés, ils finissent par l’assassiner sauvagement, mais Tomié renaît toujours de ses cendres, ou plutôt de ses morceaux, car elle se régénère à partir de n’importe quelle partie de son corps. Comme je l’écrivais il y a quelques mois, Tomié est une plongée gore dans l’insondable pouvoir de l’amour, une histoire où l’abolition du jugement est totale, et où les hommes sont transformés en zombies obsédés par cette fille si magnifique.

Dans Spirale, seconde saga en trois tomes, Ito nous raconte l’histoire du village de Kurousu et de l’obsession croissante de ses habitants pour les spirales. Un motif intriguant, allégorie parfaite de la perte de l’esprit que subissent ses personnages. Comme Tomie, les tomes sont scindés en courtes histoires mais il reste un fil conducteur en arrière-plan. C’est la jeune Kirié Goshima qui nous raconte ce qui est arrivé à son village quand elle était lycéenne : tout commence lorsque le père d’un de ses amis sera rendu fou par le motif de la spirale. Son fils et sa femme s’inquiètent : il ne travaille plus et passe son temps dans son bureau à contempler des objets en spirale. Jusqu’à ce qu’il finisse par faire des spirales avec son corps et en devenir une lui-même…

Envoûtement, folie, absorption, toutes les thématiques de Tomié sont présentes, et c’est un plaisir mêlé d’angoisse de suivre la longue déliquescence de personnages sous l’influence d’une force mystérieuse. Dans La maison de poupées, pas de fil conducteur mais un ensemble d’histoires indépendantes où l’on retrouve la même idée d’impuissance et de malédiction… Que ce soit un goût, une musique, un souvenir, tout est prétexte à devenir dingue, ce qui permet à Ito de faire parler son imaginaire macabre. Car il ne manque jamais d’imagination pour avoir des idées tordues, et les exprimer visuellement avec son style si particulier : lire Ito, c’est s’attendre à des visages effrayants, à des regards vides, à des corps torturés et à des mutations hors du commun. Et au-delà de ces trouvailles visuelles, l’imaginaire de Ito est effrayant dans le sens où il ne laisse pas d’échappatoire à ses petits pantins. Rien à part la mort, la souffrance ou la folie éternelle, parce qu’on était là au mauvais endroit, au mauvais moment, ou qu’on n’a pas su s’armer de raison quand il le fallait. Si vous cherchez une issue à vos obsessions, l’oeuvre d’Ito est certainement une bonne catharsis.

Dans l’ensemble, La maison de poupées est un volume satisfaisant, qui offre aussi une ou deux histoires plus poétiques, si l’on peut dire, comme L’homme aux cadeaux. Des histoires écrites et publiées dans la première moitié des années 90. Seule petite déception, certaines conclusions semblent un peu rapides, mais l’étrangeté des situations gomme rapidement ce problème. Petit détail amusant, pour finir : la couverture du tome est fluorescente. Tonkam veut sûrement nous faire faire des cauchemars : le prochain arrivera d’ailleurs en Mars prochain, sans plus de précisions sur le nom du tome. Je suis impatient, en tous cas ; je dois être devenu un pantin de Ito…

Master of Puppets

la maison de poupées
Junji Ito (Tonkam, 2010). Traduction : Jacques Lalloz. 224 pages.

Et à part ça ? Le dixième épisode de la série Panty & Stocking w/ Garterbelt dont je vous ai déjà parlé secoue le web otaku avec sa séquence en clip vidéo pleine de références au rock et à la pop. Le signe parfait de la volonté d’ouverture de cette série, et aussi la meilleure des publicités pour la bande originale qui sort le 29 Décembre…


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