Denis M. vient de publier "L'homme qui n'aimait pas les fleurs" aux Ed. L'Harmattan. Slameur, sous le pseudo d'AinsiSoitIl, il a aussi composé un "Slam pour la planète". Mais quelle que soit la discipline, Denis M. se distingue par l'art de manier les mots.
Son roman est une histoire d'aujourd'hui, celle d'un jeune en perte de repères qui cherche pour se trouver. Denis M. privilégie le style plutôt que le fond, même si le fond nous emmène aux frontières de l'impossible.
Ce qui frappe en lui, en cet "Homme qui n'aimait pas les fleurs", c'est sa poésie, le chant des mots qui s'inscrivent dans la mémoire comme un requiem. Le noir propos de cette quête désespérée est contrebalancée par l'élégance des phrases qui sonnent comme des aphorismes et les paragraphes comme des vérités.
Au hasard :
"Je sortais du lycée, je ne savais
pas trop quoi faire dans la vie, j’avais plutôt trop
d’idées que pas assez, avec un principe simple en tête : servir.
Je voulais me placer dans la lignée du Christ lavant les
pieds de ses disciples lors de la Cène, le jeudi saint. Je trouvais
en effet que ceux qui étaient au service des autres, que
ce soient les infirmières, les bénévoles, les prêtres, etc., possédaient
un trait commun enviable : ils rayonnaient." © Denis M.
"… la liberté et la nécessité ne s’opposent pas mais se
confondent. Ce sont deux mots pour une seule chose, une
seule réalité.
Je m’étais dit que le père Tébard allait encore nous
sortir un truc pourri de derrière les fagots, bien fallacieux, à
la jésuite, avec un grand raisonnement sérieux, un qui paraît
tout beau, sauf quand on gratte un peu dessous, quand
on tire la ficelle. Eh bien là, non. Pas ce jour-là. Il m’avait
bien scotché pour une fois. Ça tenait la route, c’était incroyable.
Nécessité et liberté vont de pair, je le vérifie tous
les jours. Théoriquement, j’aurais très bien pu ne pas partir.
Ne jamais mettre les pieds en Afrique et surtout pas au Katanga.
Mais au fond de moi, c’était impossible. Je sentais
comme cette nécessité en moi. Et pourtant, j’étais libre.
C’est juste que ma volonté, mon désir et mon choix étaient
si forts qu’ils s’exprimaient en moi, bien qu’ils soient libres,
comme une nécessité pour moi. Cette loi, je l’ai vérifiée
ensuite sur place."© Denis M.
"D’ailleurs, on déprime mieux
tout seul qu’avec des inconnus."© Denis M.
"Tout le monde devrait écrire : c’est bon
pour la santé. Cela permet de se poser et de mettre un peu
d’ordre dans ses idées."© Denis M.
"J’ai revu Nicolas, aussi. Un mec devenu pompe-funèbre. Je
ne sais pas comment on dit officiellement, quel est son
titre exact, mais enfin il bosse dedans. Il accueille les
clients, conseille les gens, organise l’enterrement. Il fait le
maître de cérémonie et adore ça apparemment. Il parle de
son métier avec des yeux qui brillent, lui aussi, pas une
gueule d’enterrement. Son métier, c’est sa vie. Il l’a dans la
peau, si cette expression a du sens. Je lui pose des questions
sur son job. C’est l’ambiance qu’il aime avant tout, ce côté
très solennel, le fait de ne croiser que des gens propres,
polis, bien habillés :
− C’est un métier à la fois physique et reposant.
J’aime beaucoup le silence."© Denis M.
Vous le constatez vous-même par ce florilège de morceaux choisis,
avec Denis M., la valeur des mots n'attend pas le nombre des années.
"L'homme qui n'aimait pas les fleurs", Denis M., L'Harmattan (en vente sur Amazon)
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