L'un, Alassane Ouattara,
candidat de l'opposition, a vu sa victoire annoncée par la
Commission électorale indépendante (CEI),
"certifiée" par les Nations unies et saluée par
Barack Obama, Nicolas Sarkozy et la plupart des dirigeants européens.
L'autre, Laurent Gbagbo,
le président sortant, a été déclaré vainqueur par le Conseil
constitutionnel (qui a étrangement annulé les
résultats dans neuf départements du pays) et adoubé par l'armée et la gendarmerie.
La démocratie est un apprentissage de longue haleine...
Coup d'état de Laurent Gbagbo selon les observateurs, coup d'état de la France (toujours elle) selon Gbagbo. Une chose est sûre, "lorsque deux éléphants se battent, c'est l'herbe qu'ils piétinent." Le proverbe africain nous dit ainsi avec détachement qu'une fois de plus le peuple risque de trinquer sous les pieds balourds d'un éléphant égoïste.
Dans le même temps, le Hezbollah et la Syrie tentent réduire la justice à néant (concernant l'assassinat de l'ancien Premier-Ministre Rafic Hariri) en menaçant une région déjà tendue d'insécurité.
Dans le même temps, la Chine continuer de distribuer ses dollars pragmatiques à des gouvernements africains discutables.
Dans le même temps, l'Iran de Mahmoud Ahmadinejad poursuit toujours sa quête insensée de nucléaire et son guerrier concours de zigounette, comme le confirment les documents publiés par WikiLeaks.
Dans le même temps, l'armée russe se trouve confortablement installée dans deux régions géorgiennes, la justice pakistanaise torture allègrement des chrétiens et la Corée du Nord joue à la guerre extérieure pour éviter une révolution intérieure.
Et l'année prochaine, le Cameroun verra peut-être la réélection "démocratique" de Paul Biya avec un score merveilleux de, allez disons 85%, ou pourquoi pas 51% s'il la joue un peu plus fine.
Les éléphants qui gouvernent se trompent parfois. Ils se trompent lorsqu'ils oublient que leur vocation politique est d'oeuvrer en Charité.
En démocratie, le vote sert à cela : choisir des hommes politiques qui ne se soient pas trompés de vocation. Choisir des hommes ou des femmes qui servent avec Charité, humilité et en Vérité.
Pour choisir, pour discerner son vote, nous pouvons nous appuyer sur les 1500 ans d'expérience des moines bénédictins. Dans sa célèbre "Règle", Saint Benoit donne des clefs à ses moines pour élire leur père abbé. Homme sage, homme de paix et serviteur fidèle, l'abbé doit oeuvrer pour le bien de sa communauté. Pur, sobre, et bienveillant, il doit être juste, aimé et ne doit jamais oublier de suivre les commandements de Dieu.
Aujourd'hui, une partie de l'Afrique semble coincée dans une situation inextricable. Des dirigeants sans vocation charitable, une économie au plus mal, un bouleversement social qui entraîne une triste perte de repères. Mais le proverbe nous maintient dans l'espérance : "la nuit dure longtemps mais le jour finit par arriver."
Transformée par une révolution non-violente (inspirée par Gene Sharp), la Géorgie a ainsi commencé un travail de redressement intéressant. Processus démocratique, développement économique (réformes fiscales, échanges commerciaux, accueil d'investisseurs étrangers), modernisation politique (assouplissement des autorisations, diminution du poids des instutions publiques), épanouissement culturel (redécouverte culturelle et spirituelle), etc.
D'autres pays, y compris en Afrique, ont également réussi à avancer sur un chemin d'espérance, comme le Ghana sous l'impulsion de l'ancien homme fort Jerry Rawlings qui sut emmener son pays sur une voie démocratique.
Il n'y a pas le place pour la résignation.
Lors de son voyage en Angola, et face aux autorités et au corps diplomatique, Benoit XVI avait trouvé les mots justes :
"il est arrivé pour l'Afrique le temps d'être le continent de l'espérance. Tout comportement humain droit est espérance en action. Nos actions ne sont jamais indifférentes devant Dieu ; et elles ne le sont pas non plus pour le développement de l'histoire."
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