- "Ne dramatise as. Ce n'est pas finit. On pourra toujours se parler, tu sais, avec internet, le téléphone, et tout ..."
Je ne contrôle pas le regard interloqué que je te lance, la respiration presque coupée. Se parler ? Par téléphone ? Internet ..? Merci pour l'information. Je devrais sauter de joie, un rayon devrait éclaircir mon visage de soulagement, mes lèvres devrait te remercier pour ta magnificence d'esprit, pour tes alternatives imparables ?
Certes on ne s'est jamais beaucoup parlé, au final. Du moins pas avec les mots. Juste les yeux et l'aura. Le corps et l'âme. Internet ne prend pas ce genre de communication, il me semble.
D'un tremblement, mes jambes ne supportent plus le poids de mon corps, ni celui , plus écrasant encore, de ma tristesse. Le vide est lourd, paradoxalement. Le manque pèse. Pourtant tu es toujours à côté de moi, regardant déjà ailleurs. Si rien que la pensée de ton départ m'effondre, me fracasse à tel point, quel sera la dimension de mon désespoir devant la réalité du fait ? Je souris intérieurement en m'imaginant que je suis ton ombre; c'est vrai, on marche côte à côte, tu es grand et tu me caches tu soleil, tu es celui qui agis, et moi je te suis. Ou pas.
J'aimerais te dire quelque chose, n'importe quoi, d'un ton détendu. Pour te montrer que je prends la chose à la légère, tu vois, que je suis triste, mais que dans le fond, j'accepte, et profite des derniers moments de toi, de nous. Mais c'est le blocage, comment parler quand je 'n arrive même plus à déglutir. J’étouffe d'avance de part l'espace que tu ne remplieras plus de ta douce et nécessaire présence. Tu me replonges dans le lac de solitude glacée dont tu m'avais sauvée. Déjà. Sauf que là, ce ne sera plus un lac, mais un mer, gelée et sans horizon. Une mer salée de ton souvenir, sèche de tous mes espoirs. Anéantis. Au fait; maintenant que c'est trop tard, à présent que je dérive, pendant que tu as choisi de t'envoler, loin (mais tu as raison, tu sais, je ne t'en veux pas tant que ça) je peux te le dire, que je t'aimais. Je te le dit avec les yeux, le corps, l'âme et l'aura; mais tu es déjà parti, toute relation est brisée, même si tu le ne sais pas encore. Comme mes os qui se liquéfient. de l'ombre à la lumière, du flash au bloc de glace.