Ce WE, notre visite annuelle en terre Bourguignone aurait pu ressembler à un WE de ski ! Spectacle magnifique des deux côtes sous 5 cm de neige ou pour une fois, il faisait beaucoup plus chaud en cave qu’à l’extérieur. Ici la vue à la sortie de la cave du domaine Henri Germain à Meursault :
Nombreuses visites et repas magnifiques au programme. Dégustation de 2008, 2009 et chez certains 2010. La dégustation des 2008 en bouteille, un an après leur dégustation sur fût, et en comparaison des 2009 bu au même stade, m’a permis de comprendre d’une part, l’effet élevage (des acidités sur les 2008 très saillantes sur fût, plus enrobées en bouteille) et d’autre part, l’effet millésime, des 2009 avec des structures plus amples, rondes, des matières plus expressives, et chez les vignerons ou nous avons goutté aucun confit ou sensation sucré, mais des vins délicats, aériens, séducteurs en diable, avec de très beaux équilibres car les finales ne sont pas molles mais bien tenus par des matières « minérales » diront certains.
Mes coups de cœurs cette année, chez les différents vignerons :
Gevrey, RT 2009, superbes vins, denses mais délicats et aériens sans jamais perdre leur fraicheur.
- Etelois comme d’hab, superbe d’élégance et de délicatesse avec une finale tendue et d’une persistance digne d’un 1erC. 91-93
- Cherbaude, cette année, m’a fait craquer : sexy, moelleux, mûr, gourmand, sans mollesse, ni rôti. Pas un vin d’esthète, un vin de jouisseur : Grand 93-95
- Clos Prieur : égal à lui-même, charpenté, puissant, grosse matière mais belle élégance, profondeur, longueur 93-95
- Autre 1erC et GC : Combotte assez souple, Corbeaux robuste, petit chapelle tout en dentelle, un vin ciselé (90-92), Latricières, large charpentée, soyeux 94-96
- Chapelle, assemblage des parcelle Gémeaux (droit, profond, tendue assez austère) et En Chapelle (robuste, grosse matière soyeuse, mûr, finale explosive), qui rendent le cru absolument magnifique pour moi, l’un et l’autre se complétant parfaitement. J’adore Chapelle et ce millésime lui va génialement. 95-100
- Evidemment le Chambertin est Hors Classe car il combine ici le côté mûr, puissant, le côté frais nerveux, le côté sexy des tanins soyeux, une matière fines, dense, ciselée, un équilibre aérien, des arômes d’une complexité folle avec la fleur, les épices, la réglisse, le fûmé, …
Chambolle, Amiot Servelle, dégustation des 2008 : des vins représentatifs de leur millésime, un peu plus difficile d’accès car nettement plus tendue avec pour ma part :
- Un Chambolle Les Plantes : une belle matière, dense, large enveloppant bien la fraicheur du millsésime 89-91
- Derrière la Grange que j’adore d’habitude, je l’ai trouvé un peu en retrait sur ce millésime, sa puissance ressortant un peu brutalement 90-92
- Une Amoureuse superbe de finesse, d’élégance, d’équilibre avec pourtant, une matière dense, une énergie incroyable 93-95
Marsannay, Domaine Bart : des 2008 superbes ! J’ai trouvé une très grande maitrise de ce millésime avec des vins mûrs, enrobant parfaitement la fraicheur du millésime donnant des vins très purs, profonds mais qui restent très gourmands ! Bravo à l’équipe du domaine
- Marsannay Finotte : Charnue, large, un style plutôt souple, 86-88
- Marsannay Longeroie : corpulent, droit, plein, avec des notes fûmés issus du terroir (je me suis fait avoir car le vin ne voit pas de fût) 88-90
- Marsannay Grandes Vignes : Plus mûr, avec même une note kirchée, plus gourmand mais une finale un peu plus dur 88-90
- Marsannay Champs Salomon : plus de profondeur et une finale longue et persistante, très beau vin : 90-92
- Fixin 1erC : charpentrée, droit long, finale tendue. 89-91
- Clos de Beze : On gagne en complexité avec un peu plus de boisé mais surtout la ronce, l’humus, la terre, magnifique amplitude en bouche soutenu par la fraicheur du millésime qui donne à la finale puissante, une persistance tout en délicatesse. Grand vin 93-95
- Le pauvre Bonne Marre 2007 s’en est trouvé un peu souple et pataud entre ces 2008 parfaitement réussis
Domaine Voillot, on ne présente plus le domaine sur DC, des 2009 qui feront date, comme tous les ans d’ailleurs J. Mes coups de cœur cette année
- Meursault Cras : beau vin, à la bouche ample, à la matière riche mais parfaitement tenue, tendue et une finale longue charmeuse profonde et très équilibrée. Très beau Cras 90-92
- Volnay Village : j’adore, large, matière délicate, pointe de gourmandise, extra 88-90 et quel rapport Q/P (17€, je crois) !
- Fremiets comme d’hab : Nez expressif, une bouche soyeuse, finale élégante 90-92
- Champans : toujours aussi beau et à nouveau quel rapport Q/P (<30€)… Nez complexe, bouche superlative de finesse, de densité, de soyeux, finale équilibre et persistance d’école. HC 95-100
- Autre 1erC Volnay : Cailleret, puissant, plus carré, Brouillard, grosse attaque et finale plus souple
- Pommard Epenot : un vin gourmand, ample, délicat, une grande facilité à être bû, j’aime beaucoup ce cru, pas forcément complexe, mais tellement convivial. 89-91
- Pezerolles, toujours cette bombe épicée, fruitée, moka, bouche dense, intense, juteuse, et une finale terriblement expressive ce jour là. 95-98
- Rugiens, un peu en dedans et fermé, mais forcément, un cru plus sérré, grosse matière, densité, puissance. 94-96
Domaine BC : des 2009 riches, tout en charme, rondeur, beaucoup d’harmonie avec un côté aérien, délicat mais sans mollesse et, dans mon souvenir (pas pris de note) en particulier un très beau Cras, un grand village VV, et des Goutte d’Or, puissante, riche et une touche de gras diablement séductrice. Des 2008 magnifiques, mais j'y reviendrai avec les diners car bu à table.
Domaine Henri Germain 2009 : des profils plus tendus, plus terrien que chez BC, structure plus marquée
- Meursault Chevalière, rond et enveloppant, Meursault Charmes, riche, droit, long dans sa finale, Chassagne Morgeot : en souplesse, gras, finale qui a du peps
- Limozin : riche, belle matière avec une touche de gras aussi, finale aérienne juste équilibre matière, fraîcheur 90-92
- Perrières : superbe trame tendue, structurée avec une matière, ciselée, enveloppante, fine, dense, toujours ce petit gras qui accompagne la fraicheur finale, long, grande persistance crayeuse 94-96+
Domaine Langoureau 2009 : une dégustation trop rapide car la neige a perturbé les RDVs. En Remilly, égal à lui même, qui donne un vin « encore plus » cette année, plus gras, plus riche, mais du coup plus souple.
Domaine Morey Coffinet 2009 : Une gamme superbe, comme souvent, des vins équilibrés entre matière ample et structure droite, souvent riche aussi, mais jamais lourd.
- Générique Chardonnay, très bien 87-89
- Chassagne Village : top, un très beau village, délicat, dense, et punchy en finale 89-91
- Chassagne1erC : Cailleret(88-90), grosse matière, douceur, plus souple que village, Dents de Chien (89-91) : pralin au nez, bouche ample attaque, finale fluide, Fairande (88-90): exotique, bouche un poil confit, crayeuse, mûr, finale souple
- La Romanée : bouche ronde grasse sur une structure droite, finale raffinée enveloppante tout en gardant de la longueur 91-93
- En Remilly : gros coup de cœur encore avec ce cru intense superbe harmonie structure matière, grande pureté de poire, fleur de vigne, noisette, pralin, finale à couper le souffle d’élégance, d’amplitude, de gourmandise, pas le plus nerveux, pas le plus complexe mais le plus sexy assurément ! 92-94
- Blanchot dessus : Nez plus crayeux, structure droite, plus de fraicheur et grande élégance en finale, 91-93
- Puligny Pucelle : précision, densité, finesse, « fraicheur », profondeur, finale dynamique longue droite sur le pralin à tomber 94-96+
- Batard : nez pralin réglisse zan, envoutant, bouche pure, caressante, puissante dans finale mais contrôlé par une tension sous-jacente jouissive… 95 + (l’assemblage Celeste, porte bien son nom, un Batard en version un peu plus gras, plus aérien, moins terrien, moins tendue)
Des visites toujours aussi enrichissantes avec des vignerons toujours accueillants, grands sourires et parfois même franche rigolade, surtout quand le Parisien que je suis, essaye candidement de soutirer le vin du fût par gravité… J’aurai au moins compris que soutirer signifie que l’on repasse en cuve (et pas juste directement de fût à fût), et donc, généralement à l’étage du dessus… Newton et JPC en rigole encore…
Un WE avec de nombreux repas dégustation et rencontre sympathique que je relaterai ultérieurement.
Amicalement Matthieu