Au delà de l'excitation de sortir un nouveau roman, bien des sensations
viennent se bousculer juste avant sa présentation au public.
Le doute.
Ai-je assez développé mes idées pour aller au fond de ce que je voulais dire? L'intrigue romanesque est-elle assez riche? Le sujet
abordé fait-il partie des centres d'intérêts des lecteurs actuels? Et combien d'autres interrogations continuent de me traverser l'esprit. Les jeux sont faits, l'encre est en train de dessiner
une ribambelle de mots sur les 160 pages. La couverture est déjà affichée dans les bases de données.
C'est à ce moment-là qu'on prend la vraie mesure du travail sur le manuscrit, l'importance de chaque mot, chaque ponctuation, chaque
mise à la ligne. Pas de retour en arrière, pas de: "et si, j'aurais peut-être dû…"
Malgré la fierté ou l'enthousiasme affiché, à l'intérieur c'est le branle-bas de combat, la lessiveuse sur mode essorage où toutes les
dernières questions mènent une valse effrénée; plus que quelques jours, dans une semaine, les premiers lecteurs lâcheront leur avis… patience.
La cohérence.
Mes deux premiers romans sont très éloignés en genre comme en contenu : un roman d'aventure à Santiago de Cuba et un roman de
terroir… rien à voir non plus avec le 3e, situé dans une ville sans nom, Paris, Lyon, Limoges, ou ailleurs… dans lequel le personnage principal est confronté à un fait de société, mais aussi
en proie à certains remords.
Je n'ai pas pour vocation de répéter une formule romanesque éprouvée pour laquelle les lecteurs attendent une suite, comme on attend le
nouvel épisode d'une série télévisée. J'explore des univers différents, de nouveaux portraits, des situations qui révèlent notre condition humaine d'une manière personnelle dans chaque
ouvrage. Je ne tiens pas à être catalogué dans un genre ou un autre, j'essaie humblement de peaufiner mon style, de transmettre des émotions, de favoriser des interrogations sur ce qui nous
entoure. Dans un monde replié sur lui-même, je ne fais qu'ouvrir la fenêtre et poser un peu de tain sur les vitres pour faire miroir.
Renaître de tes cendres.
C'est une forme de huis clos d'un homme en conflit avec la société et surtout avec lui-même, à cause d'échecs successifs dont celui de
n'avoir pas pu respecter une promesse. Ses rencontres viennent alimenter sa réflexion, enrichir son regard sur le monde, approfondir sa compréhension de la vie. Si cela peut paraître ambitieux,
c'est au moins la démarche voulue.
Je me suis attaché aux mots, à leur sens, leur résonnance. Je les ai choisis pour l'univers qu'ils véhiculent, pour qu'une musique porte
cette histoire.
je l'affirme dans le titre, ce n'est pas un roman noir, même si les thèmes paraissent graves.
Paraître dans la collection Regards dont la signature est : "Réflexions intemporelles sur le monde, la société, l'humanité", c'est une marque d'intérêt de l'éditeur pour la signification de mon texte et
je l'en remercie.
L'écriture
Toujours et encore… Les bases du roman suivant sont déjà posées. Les pages de mon cahier noircissent chaque jour un peu plus. Il est
encore question de regard sur notre monde, sur son évolution. La palette des comportements humains est bien assez étendue pour écrire encore.
L'écrivain possède l'orgueil de croire qu'il peut déposer, par-ci par-là, quelques graines de réflexion, quelques notes d'une mélodie
personnelle… ce n'est pas le pire des péchés.
Je n'ai pas de "parce que…" à la question "pourquoi écrire?".
L'amour d'une solitude remplie de mots, comme des notes sur une portée, comme une glaise sur le tour d'un potier. Une matière à moduler,
à tendre, à creuser, à laisser reposer pour la repétrir, la mieux ciseler. Je me sens responsable, non pas de répondre aux attentes, mais d'apporter toujours quelquechose de neuf, de vivant,
d'inattendu.
Chaque nouvel écrit apporte une pierre à la construction globale. La vision de l'auteur en est le ciment, perceptible dans chaque livre,
par facettes. Le lecteur peut en suivre la trajectoire dans la continuité des livres.
Tant qu'il y aura des lecteurs, il y aura des auteurs.
Dominique LIN
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