Au gré des stations de la ligne 2, le conducteur de la rame, nous égrène des tranches de vie auxquelles il a assisté. Il nous donne des chiffres sur le fameux métro parisien. Il imagine la vie des gens, leurs métiers. Il nous raconte les trucs et astuces des Parisiens pour ne pas perdre de temps (je pense que cela se fait partout, moi-même je suis comme ça et heureusement que nous n’avons que deux lignes). Chaque chapitre finit très souvent par des chiffres. Il nous explique sa vie professionnelle avec ses hauts et ses bas. Il nous livre des anecdotes, des détails
Cet homme aime son métier et il veut nous le faire partager. Un métier pas commode puisqu’être conducteur du métro veut dire travailler en solo. Il peut être relié au monde extérieur avec les appels au PC mais c’est un travail souterrain où il voit très peu la lumière du jour sauf quand la rame passe en extérieur.
éèééJe n’ai pas été tant surprise que ça par ce qu’il nous relate même si j’ai appris beaucoup de choses :
- Le nombre d’agents à la RATP et le nombre de conducteurs pour faire tourner cette ligne.
- Demande de passagers, plus ou moins folles, pour monter en cabine avec le conducteur. De nombreux cas m’ont fait sourire.
- Les histoires sur les tags et ce qu’encourent tous ses artistes, plus ou moins des rues.
- Création d’un calendrier des conducteurs de la ligne 2 parodiant le célèbre calendrier des rugbymen. Mais il fallait le faire sans que rien ne soit reconnaissable
- Les explications sur les grèves.
- Les modes de pilotage
- L’exhibitionnisme de certaines personnes
- Les SDF
- Les suicides, incidents voyageurs
- Et aussi explications sur le fameux lapin et la couleur des tickets.
Comment peut-on vivre pendant 20 ans et travailler ainsi sans voir la lumière du jour ?
Comment profite-t-on des instants de la vie quotidienne quand on refait surface ? Est-ce que la transition n’est pas trop difficile ?
Le conducteur de la rame doit avoir les yeux partout. Devant, derrière, sur les côtés, c’est un travail de tous les instants. Il est demandé de la mémorisation, de la concentration, de l’à-propos par rapport aux situations qui peuvent être rocambolesques ou critiques. Il doit être prêt à prendre des décisions, même s’il doit en référer très rapidement. La sécurité des passagers, des usagers est très importante.
Comme dans toute entreprise, tout salarié est soumis à des règles (tenue, ordres, sanctions, mais peu d’évolution salariale). Tout est étroitement surveillé par des caméras vidéos. N’est-ce pas trop difficile (même si c’est pour la sécurité de tous) d’être constamment épiés ?
Il manque peut-être un point qui est tout de même important. Il ne parle pas de l’agression envers les conducteurs qui peut être commise puisqu’il est seulement séparé par une vitre du premier wagon. Les gens, malintentionnés, ne peuvent-ils pas ouvrir la porte qui permet d’entrer dans la cabine ? A Marseille, nous y avons très souvent affaire. Sachant que le métro parisien est plus important, les conducteurs sont-ils si protégés que cela ?
En tous les cas, c’est très vivant. On passe un très agréable moment. Beaucoup d’humour. On sent un véritable attachement à cette ligne, à ce métro, à ces personnes (des milliers) que l’on peut voir tous les jours. Se fait-on à cette odeur si particulière qui peut dégoûter ?
Autre question. Vous vous êtes reconnu dans un film que vous ne nommez pas, mais qui est photographié en couverture de livre ?
J’ai vécu quelques années en région parisienne. Le métro, je le connais un peu mais ce n’était pas pour aller travailler. Il était plutôt destiné aux ballades.
A mon arrivée sur Marseille, où nous avons deux lignes, j’ai été obligée de prendre le métro deux fois par jour. Entièrement différent du métro parisien, même si à certains moments on peut y être serré comme des sardines, que les horaires ne sont pas respectés. On a plus de chance de voir le conducteur lorsqu’il entre en station qu’à Paris.