Résumé (extrait de la quatrième de couverture) : "Au premier regard, Rachel a aimé Nathan, le mari qu'on lui destinait. Et c'est avec bonheur qu'elle a accepté son destin de femme pieuse dans ce quartier traditionaliste de méa Shéarim, à Jérusalem, où elle a grandi. Mais au fil des années se dessine le drame qui la brisera : le couple n'a pas d'enfant. Et la loi hassidique donne au mari, au bout de dix ans, la possibilité de répudier la femme stérile."
Avis d'Antigone : Déjà, et avant tout, je trouve la couverture de la version poche magnifique (détail de Eve ou l'amour en blanc, Sandorfi) ! Et puis, bien sûr, il y a cette histoire, belle et bouleversante. Ce n'est pourtant pas le roman d'Eliette Abecassis que je préfère. Un style peut-être trop simple, à mon goût, mais ce style est également la voix de cette femme, pudique et pieuse, qui exprime, sans pathos, ses sentiments, alors il devient cohérent et évident, à la lecture. Enfin, il y a ce thème, très fort, celui des lois religieuses, ces lois humaines, si inhumaines, dictées au nom de Dieu, et qui tuent... Alors, il n'y a plus rien à dire, ce roman devient un témoignage universel, et je ne peux qu'être touchée.
Extrait : "Tous les mois, c'est la même chose. Je pleure. Je soupire. J'attends. Que le linge au-dessous de moi ne soit point taché de rouge. Et tous les mois, mon ventre me fait mal. Le sang s'échappe, je saigne, je prie, je pleure. Mes larmes mouillent le mur occidental. Telle une brebis abandonnée, ainsi j'erre dans les rues. Mes paupières tremblent, mes jambes vacillent, mes yeux brillent de douleur. Je regarde autour de moi, je ne vois personne pour m'aider.
Ma mère, qui est la gardienne du mikvé, le bain rituel, a honte de ma stérilité. Chaque mois, je viens me tremper dans l'eau de pluie car, à la fin des sept jours sans tache, la femme doit s'immerger dans le mikvé à la nuit tombée, après que trois étoiles ont été visibles.
Il me semble que j'expie quelque chose. Je souffre, je vomis, je me traîne par terre, je cogne ma tête contre les murs. Toute la journée, je reste couchée. Nathan a trouvé un nom pour les jours impurs. Il me demande quand sera finie "ma maladie". Il n'a pas pas tort. L'impureté mensuelle, c'est la maladie de la femme stérile.
Mais on ne peut devenir pure que parce que l'on est impure. C'est pourquoi la femme, chaque mois, s'élève en se purifiant. Quand tout est fini, je me rends au bain rituel, je me déshabille, et, aidée par ma mère Hanna, je plonge dans le bassin d'eau froide, tête comprise : c'est une naissance.
- Toujours rien ? demande ma mère.
- Toujours rien.
- Cela va bientôt faire dix ans.
- Je sais. S'il le veut, Nathan peut me répudier."
La lecture d'Anne (qui suit le même chemin de lecture que moi...)
Les autres titres lus du même auteur : Un heureux évènement et Clandestin.