En effet, à la suite d’une modification du code de la route entrée en vigueur le 16 novembre 2010, tout conducteur est dorénavant « tenu de céder le passage, au besoin en s’arrêtant, au piéton s’engageant régulièrement dans la traversée d’une chaussée ou manifestant clairement l’intention de le faire » (article R. 411–15 du code de la route). Ces nouvelles dispositions du code de la route ne remettent pas en cause les autres règles relatives à la traversée de la route par les piétons. Ainsi, s’il existe un passage protégé à moins de 50 mètres, le piéton est alors obligé de l’emprunter et si ce passage est réglé par un feu, la traversée n’est autorisée qu’au feu vert.
Ce texte laisse clairement une très — pour ne pas dire trop– grande marge d’appréciation aux forces de l’ordre sur le terrain. Le texte prévoit en effet que le conducteur doit laisser le passage, « au besoin en s’arrêtant », à un piéton « manifestant clairement l’intention » de traverser la chaussée. Le conducteur n’a donc pas l’obligation de s’arrêter : il peut simplement ralentir pour que le piéton puisse traverser. Mais que faire si un policier un peu trop zélé estime qu’il devait le faire ? On imagine facilement dans un tel cas que ce n’est pas la parole du conducteur qui prévaudra en cas de contestation !
Que signifie « manifestant clairement l’intention » de traverser ? Mettre un pied sur la route ? Lever la main ? Ici encore, on nage dans le flou le plus total ! Espérons que notre policier zélé n’ait pas le pv facile en sanctionnant tous les automobilistes qui ne s’arrêtent pas lorsqu’une personne lève la main pour appeler un taxi…
On peut également s’interroger sur la manière dont vont être interprétées ces nouvelles dispositions par certains piétons. Certains croient ainsi désormais qu’ils peuvent traverser n’importe où et n’importe quand ! Cette incitation lancée aux piétons à faire n’importe quoi est également dangereuse pour les automobilistes : si le piéton se trouve à 49 mètres d’un passage protégé, le conducteur n’est pas tenu de s’arrêter pour lui céder le passage. À 51 mètres, c’est l’inverse qui se produit. On voit ici immédiatement l’absurdité et l’inapplicabilité de ces textes et les risques d’accidents que ces mesures risquent de provoquer !
Cette différence de quelques mètres peut pourtant couter cher aux automobilistes : 135 euros, retrait de 4 points et suspension possible du permis de conduire pendant 3 ans !
En modifiant le code de la route, le gouvernement poursuivait un objectif louable visant à favoriser la coexistence des différents usagers de la rue et protéger les plus vulnérables. En cédant aux sirènes des associations de piétons, c’est cependant celles des ambulances que l’on risque d’entendre dans nos rues