Plus fort que le feuilleton Woerth-Bettencourt-État français-parce-qu'ils-le-valent-bien, voici venu le temps des révélations de WikiLeaks qui font trembler la diplomatie américaine et les autres aussi ! Il est vrai qu'entre les rapports militaires sur l'Afghanistan et les 400 000 notes rédigées par les officiers américains sur la guerre en Irak , la Maison blanche se serait fort bien passée de la divulgation de quelque 250 000 télégrammes diplomatiques, issus du département d'État et de 270 ambassades et consulats américains dans le monde.
Cette dernière onde de choc fut d'une rare intensité puisque de grands journaux nationaux publient désormais chaque jour de nouvelles "révélations" provenant de ces télégrammes diplomatiques : The New York Times aux États-Unis, The Guardian en Grande-Bretagne, Der Spiegel en Allemagne, El Pais en Espagne et Le Monde en France. Notre quotidien national de référence, visiblement submergé par tant de révélations, a même créé une carte pour en résumer la teneur en fonction de la zone géographique concernée ! Mais au-delà de la question de la liberté d'information (peut-on tout révéler ? serait un excellent sujet au concours d'entrée à l'ENA...), il appartient de faire le tri entre les propos infantiles tenus par certains diplomates sur le caractère de tel ou tel dirigeant politique et des informations très sensibles sur les positions américaines.
Mais le site risque surtout d'intéresser les économistes s'il mettait à exécution sa menace de publier, début 2011, des documents compromettants pour la direction d'une grande institution bancaire des États-Unis. Il souhaiterait dénoncer des pratiques contraires à l'éthique ce qui, dans le monde bancaire, ne va pas être très difficile dans le contexte actuel. Selon toute vraisemblance, il s'agirait de Bank of America, la banque qui avait fait scandale en autorisant Merrill Lynch à verser 5,8 milliards de dollars de primes, qui représentaient près de 12 % des 50 milliards de dollars que Bank of America avait payés pour acquérir Merrill Lynch... L'affaire s'était terminée par le versement de 33 millions de dollars à la SEC pour solder les poursuites pour fausses déclarations. Mais comme la peur est une arme souvent aussi (plus ?) efficace que le mal lui-même, les marchés financiers ont réagi et le titre de la banque a perdu plus de 3 % mardi à la Bourse...
Avec tout cela, on comprend pourquoi Julian Assange, cofondateur et porte-parole du site WikiLeaks, a maille à partir avec les autorités politiques et judiciaires... du monde entier !