"A bas le ski, définitivement"

C’est ce que dit le sociologue valaisan Gabriel Bender, auteur d’un article dans la revue L’Alpe. «Aujourd’hui, développe-t-il dans Le Matin, interrogé sur ce texte, près de la moitié des touristes qui viennent à Crans-Montana ne skient pas. Ils préfèrent boire le thé, lécher les vitrines et regarder le paysage. Ils viennent pour voir, être vus et aérer les fourrures. Le ski, c’est pour les gamins. Le tourisme de plaine, le thermalisme, la tournée des caves, c’est bien aussi.»
Le ski, un truc de Genevois
Dans L’Alpe, Gabriel Bender décline au fil des lignes combien ce sport et ce qui l’entoure lui déplaît, en prenant le temps de lister les difficultés liées à l’équipement du parfait skieur.

«Il faut être calviniste ou masochiste, qui qui revient à peu près au même, pour aimer cela. Le ski, c’est un truc de Genevois.»

La journée de ski qu’il décrit, les gens qu’il rencontre, tout est moche et désagréable. Dans les queues aux installations de remontées mécaniques, «ça pue les tenues synthétiques et le chien mouillé. Les nanas ont de la pâte sur les lèvres. C’est affreux, mais affreux!»
Du coup le journaliste du Matin, Joël Cerutti, lui demande comment un Valaisan au cœur des Alpes ose ainsi dénigrer la principale branche de notre économie touristique. «Ce qui m’énerve, ce sont les phénomènes de masse et ce qui m’amuse, c’est la pression morale à faire du ski. Surtout quand on a une famille», explique Gabriel Bender.
Et le sociologue valaisan d’expliquer au Matin que le titre de son article a été changé. «Le titre paru dans L’Alpe "Je déteste le ski" n’est pas le mien. A l’origine, il s’intitulait "A bas le ski! Définitivement!"
Et Cerutti de rétorquer: «Mais c’est encore pire que le titre publié dans «L’Alpe»! Soit. Il faut arrêter de stéréotyper le comportement du Valaisan.»

«On a tendance à nous enfermer dans un monolithe monothéiste, répond Gabriel Bender. On voit ces derniers temps que certains Valaisans préfèrent le chanvre et que d’autres sont radicaux et président du Conseil national. On n’est pas tous PDC, skieurs et ennemis du loup. A un certain moment, il faut faire son coming out. D’autres personnes suivront.»

L’article du Matin est là, le site de l’Alpe (une magnifique revue que je vous conseille, si vous ne la connaissez pas encore), est par ici.